Crise sociopolitique : Un tournant dangereux

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Les responsables du M5-RFP face à la presse
Les responsables du M5-RFP face à la presse

En vue de la recherche d’une sortie pacifique de crise, une délégation du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a finalement rencontré, ce dimanche 05 juillet à Koulouba, le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta.  Lequel a signifié à ses hôtes d’avoir compris et respecté les positions exprimées dans les doléances de leur mémorandum. Mais tout en les invitant d’aller « continuer et approfondir les échanges avec la majorité présidentielle ».

Cette invite, au lieu de décrisper la situation politique, a malheureusement provoqué l’ire du M5-RFP. Lequel a produit un communiqué qui indique que le Chef de l’Etat a « royalement ignoré toutes les demandes et mesures contenues dans leur mémorandum » en leur renvoyant à sa majorité qui ne dispose de sa part « d’aucun pouvoir, ni respect et considération ». Et, réaffirme en conséquence toute sa détermination à obtenir désormais, par « les voies légales et légitimes », sa démission pure et simple et la fin de son régime.

En l’espace de deux semaines, l’Imam Mahmoud Dicko et le Président IBK se sont retrouvés à trois reprises. D’abord chez l’ancien président Moussa Traoré en présence de témoins. Ensuite seul à seul, discrètement. La troisième à Koulouba a fait l’objet d’une grande médiatisation à la chaine nationale. Lors de toutes ses rencontres, l’Imam n’aura de cesse édifié le président qu’il n’était nullement l’ordonnateur des décisions prises par le M5-RFP. Ce qui est son leitmotiv.

Néanmoins, à la demande des familles fondatrices de Bamako, l’Imam Dicko, en compagnie de certains membres du M5, était allé à leur rencontre. A cette occasion, il avait fait la restitution de son entrevue présidentielle au cours de laquelle IBK lui avait demandé d’abandonner la lutte qu’il mène contre des propositions alléchantes. Des propositions refusées en bloc par l’homme qui incarne la caution morale du M5-RFP. De même, l’Imam a expliqué aux autorités coutumières que la lutte menée par son mouvement n’est ni d’obtenir des portefeuilles ministériels encore moins des privilèges. Mais qu’il est plutôt question de la nation malienne en danger.

Ce qui n’est pas faux. Puisqu’il existe incontestablement une crise sociopolitique au Mali amplifiée après la tenue des dernières législatives. Ce qui a occasionné l’avènement d’une nouvelle opposition au régime. Qui arrive opportunément à fédérer toutes les masses frustrées qu’elle a pu mobiliser lors de deux méga meetings (les sorties des 05 et 19 juin témoignent de cela). Pourquoi IBK joue-t-il au déni de réalité, alors qu’il est bien avéré que le peuple dans sa majorité est contre sa gouvernance et exige une refondation du jeu démocratique ? Compte-t-il sur l’usure du mouvement de contestation pour mieux rebondir ?

Quoi qu’il advienne, le M5-RFP est plus que jamais décidé de reprendre la rue, le vendredi prochain 10 juillet, pour exiger, cette fois-ci, rien que la démission du Chef de l’Etat et la fin de son régime. Le mouvement compte sur la désobéissance civile (en occupant les lieux publics pour imposer un blocus économique).  Ce qui constitue certainement un tournant très dangereux pour notre pays. D’autant que les partisans du camp du pouvoir, regroupés au sein de la Convergence des Forces Républicaines (CFR), s’ils ne s’opposent pas à la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale Consensuel, sont contre toute remise en cause des institutions de la république. Ils veulent aussi sortir dans la rue pour soutenir IBK et son pouvoir.

Il persiste un plus grand risque d’affrontement des deux camps, avec des conséquences incommensurables, si jamais la CFR manifestait. Déjà lors des deux méga meetings du M5-RFP, des militants irréductibles voulaient, par la manière forte, marcher sur la résidence d’IBK et le palais de Koulouba. L’Imam Dicko les avait retenus. Parviendra-t-il à les retenir le 10 juillet. Sinon que va-t-il alors se passer ? Qu’Allah préserve l’intérêt de la nation malienne !

Falaye Keïta

Source : Le Pélican

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