Le pouvoir obéit à un rapport de force. L’évolution des puissances politiques en présence et les perspectives qu’elles dessinent sont très défavorables au régime actuel. Le désavantage est tel qu’à défaut d’agir, le régime du Président IBK s’écroulera sous les coups de boutoir de l’onde de choc initiée par le M5, amplifiée par le mouvement du 05 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et portée par des dizaines de milliers de manifestants.
Le Président de la République peut encore sauver sa peau, de mon point de vue, tout en restant dans le cadre de la loi fondamentale ; parce qu’il a la chance d’avoir comme interlocuteur un patriote sage, écouté dont le combat jusqu’ici vérifié n’est autre que le Mali, son image, sa grandeur et son histoire. Pour ce faire, il devra, après consultation du M5-RFP:
Dissoudre l’Assemblée nationale sur la base de l’article 42 ;
remodeler la composition de la Cour constitutionnelle, disposition facilitée par la démission de quatre de ses membres et du décès d’un cinquième membre. Trouver un moyen politique de forcer la présidente de la Cour constitutionnelle à démissionner de son poste ou de la Cour elle-même ;
nommer un gouvernement de mission, resserré, qui travaillera sur une feuille de route claire avec des objectifs chirurgicaux. Ce gouvernement utilisera les pleins pouvoirs que lui confère l’article 53 de notre constitution ainsi libellé “le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation et dispose de l’Administration et de la force armée.” Il devra être composé à 50% du M5-RFP, à 25% de la majorité présidentielle, et à 25% de technocrates reconnus dans leur domaine. Le gouvernement devra être conduit par un Premier ministre issu du M5-RFP et ses postes vitaux (administration territoriale, économie, justice, éducation, santé, agriculture, transport) devraient être occupés par des technocrates ;
créer une constituante représentative du rapport de force actuel. Cette constituante de 140 membres aura une durée de vie de 18 mois ou deux ans. Elle s’attachera, d’une part à accompagner le gouvernement, et d’autre part à mettre en œuvre le Projet de constitution de la quatrième république, qui sera soumis au référendum. Elle sera présidée par l’Imam Mahmoud Dicko et sera composée à 50% du M5-RFP, à 25% de technocrates et à 25% de députés de l’Assemblée nationale dissoute. Ces députés devraient être prioritairement ceux qui avaient été élu(e)s au premier tour (17); ils devront être complétés par les députés ayant eu les plus forts taux des suffrages exprimés au deuxième tour (18). Naturellement, comme il se doit, le choix des députés sera fait sur la base des résultats du Ministère de l’Administration Territoriale et non sur ceux de la Cour Constitutionnelle honnie. Les membres de cette constituante devraient percevoir la moitié du traitement des députés ;
faire profil bas, laisser le gouvernement agir et demander pardon au peuple malien, qui est en définitive la première institution du Mali, l’institution intemporelle par excellence !
Ousmane Ouane
Source : Le Démocrate