Un doigt accusateur est pointé sur le M5 RFP de Choguel Maïga qui a lancé une vaine polémique. Le président de la transition a promulgué la loi électorale vendredi dernier (24 juin), alors que le Premier ministre ne le voulait pas. Ainsi, les proches de Choguel Kokalla risquent de mettre en péril le fragile équilibre entre les pouvoirs qui composent la transition. Cela se voit à travers ce qui est arrivé après le rejet de la première mouture de la loi électorale.
Les amendements du CNT ont poussé le M5 RFP à poser des conditions au maintien de la cohésion au sein de la transition. Choguel qui est le patron du mouvement est particulièrement visé selon certaines sources qui ont parlé d’une possible démission du chef du gouvernement.
C’est que le M5 RFP exagère. Surtout en refusant les amendements apportés au projet de loi. Dès le lendemain du vote de ladite loi, certains ont indiqué qu’un ministre du M5 RFP envisageait de démissionner si jamais le président de la transition promulgue la loi. La loi n’est pas encore promulguée, mais aucune preuve de cette allégation n’existe.
En tout état de cause, le M5 RFP aurait dû éviter le bras de fer avec le Conseil national de transition dont certains membres ne cachent pas leur hostilité au Premier ministre. Néanmoins, pour l’intérêt du Mali, Choguel doit accepter le compromis. Les rumeurs sur sa démission de la Primature ont révélé le risque qui plane au-dessus de la transition et le Mali en général.
On sait que Choguel a pesé lourd dans la direction prise par la transition. Donc, il constitue un pilier de l’architecture de la transition qui a plus que jamais besoin de cohésion. Le M5 doit tout mettre en œuvre pour souder les différentes composantes de la transition, malgré les divergences de points de vue. Le départ des membres du M5 de la transition pourrait avoir de lourdes conséquences pour la stabilité politique voire sécuritaire du pays.
Cela affaiblira les militaires qui ont jusqu’ici été épargnés, Choguel ayant servi de bouclier visé par les attaques internes. Une partie de la classe politique vise principalement Choguel qui travaille sous les ordres d’Assimi Goïta. Le contexte actuel n’est pas favorable à un bras de fer entre le CNT et le gouvernement dont la mission est de sortir le pays de l’impasse sécuritaire.
Ce n’est pas au moment où l’émotion gagne les cœurs à cause des récentes tueries de civils par les terroristes au pays dogon que les responsables de la transition doivent se tirer les chignons. Les terroristes pourraient profiter de cette situation, puisque l’attention du gouvernement est détournée de l’essentiel qu’est l’unité autour de la patrie.
Au même moment, la Cedeao revient au-devant de la scène en vue de discuter avec les autorités. La mise à l’écart des responsables du M5 sera mise à profit par les chefs d’Etat de la communauté pour régler les comptes avec les militaires. Les négociations pour la levée des sanctions s’annoncent compliquées pour la transition dans cette situation. Le risque d’une paralysie de tout le processus de transition n’a jamais été aussi proche.
Oumar KONATE
Source : La Preuve