Décharge de Lafiabougou : La dure vie des ramasseurs de sachets plastiques

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La décharge de Lafiabougou située dans la commune IV du district de Bamako devient un problème très inquiétant. Si les habitants de ce quartier trouvent cette décharge mal située et encombrante, les ramasseurs de sachets plastiques eux, voient la chose d’un autre œil.

« Depuis une dizaine d’années, je  travaille à la décharge de Lafiabougou », déclare Awa Camara, ramasseuse de sachets plastiques de la décharge  de  Lafiabougou. Selon elle, c’est une vie pénible, surtout durant la période d’hivernage. Pendant cette période, dit-elle,  l’odeur des ordures qui sont déjà suffocantes, devient d’avantage nauséabonde. Le passage pour accéder aux ordures devient inaccessible. « Je  suis la responsable de tous les travailleurs de la décharge des déchets de Lafiabougou appelée « Mont Kilimandjaro». J’ai même voyagé pour cela, mais si vous voyez que nous ne répondons jamais aux journalistes c’est dû aux nombreux  reportages et promesses qui n’ont abouti à rien. D’autres mêmes sont allés rapporter que nous mangeons sur ces ordures, mais c’est normal, nous vivons de ces ordures, donc comment en être dégoutés ? », a-t-elle déploré. Elle a également évoqué l’accès difficile ainsi que les conditions pénibles dans lesquelles ils travaillent : « L’endroit est  très boueux,  il nous est presque impossible d’accéder aux ordures quand il pleut et quand nous arrivons, malgré ces nombreuses difficultés, à y accéder pour travailler, les acheteurs de plastiques ne viennent  acheter nos sachets que lorsqu’ils sont secs. Il faut attendre aussi que la route menant à la décharge soit complètement séchée et accessible. Les sachets que nous ramassons sont achetés par des usines qui les transforment ensuite».

En ce qui concerne le déplacement de la décharge, madame Awa Camara pense que le projet de déplacement de la décharge à Tienfala ne les arrange guère. « J’y ai été. Il est difficile, voire même impossible pour nous de quitter ici jusqu’à Tienfala, car les frais de transport même de la ville à Tienfala s’élèvent à 750 FCFA. Et moi qui suis jusqu’à Sébénicoro, si je veux me rendre là-bas, ça me coûtera  environ 1000f, or l’argent qu’on gagne quotidiennement en vendant les sachets ramassés est de 1000 FCFA ou plus.  Mais s’il n’y a pas d’autres métiers, nous sommes obligées de faire cela, et ces 1000 FCFA qu’on gagne nous permettent de subvenir à nos besoins quotidiens », a déploré Awa Camara.  Selon elle, il n’y a pas d’aide au Mali. La preuve  pour elle : les pauvres ne reçoivent rien, surtout les femmes de la décharge de Lafiabougou, car elles ne sont pas là pour le plaisir. «Si je trouve un autre travail aujourd’hui,  même si c’est le nettoyage je vais le faire, car il y’a des maladies qu’on peut attraper dans ces ordures.  Et  ces jeunes garçons qui sont là, ne le font pas pour le plaisir non plus. Vous savez tous que le pays n’est pas stable ces derniers temps, surtout au pays dogon et ces garçons ont quitté  leurs villages pour venir travailler ici mais ils ne gagnent même pas 2000 FCFA chaque 3 jours », a expliqué la présidente  Awa.

« Ces ordures sont source de presque tous nos maux dans ce secteur » 

De son point de vue, le plus grand problème se situe au niveau de la  population. «Elle ne  nous comprend pas. Certaines personnes viennent parfois mettre le feu à nos outils. Même la Mairie a une fois pris nos affaires pendant la nuit pour aller les jeter ailleurs. Même si le gouvernement ne nous aide pas, je les prie au moins de nous laisser gagner notre vie. comme on le dit «le serpent aveugle sait lui-même comment survivre » ».

Si pour les ramasseurs de sachets plastiques, la décharge de Lafiabougou constitue un moyen pour pouvoir survivre,  s’en est autre chose pour les passagers et habitants du secteur. Comme presque tous les jeunes du secteur, Abdoulaye Diarra aussi a son mot à dire sur la vie à côté de cette décharge. «Vivre près de cette décharge est devenu un supplice pour nous, moi je tiens un kiosque ici et je n’habite pas loin non plus, je suis arrivé ici il y’a de cela 1 an et demi et je loge chez mon grand frère, je suis à cet endroit 7 jours sur 7 et c’est une obligation, car c’est ici que je travaille. Pendant l’hivernage il nous est impossible  (mes amis et moi) de tenir notre Grin ici, car l’odeur des ordures devient suffocante, et des fois nous sommes même obligés de nous asseoir avec des contres poussières. Et  c’est le soir que notre souffrance devient plus réelle à cause des moustiques qui proviennent de ses ordures. Ces ordures sont source de presque tous nos maux dans ce secteur de Lafiabougou »

Tidianne Daou, tapeur  d’habits à Lafiabougou depuis  6 ans,  a indiqué que ces ordures  sont sur le point de les tuer. « Nous  tombons  tous le temps malade, mes ouvriers et moi, à cause de ces ordures. Si ce n’est pas le paludisme c’est une maladie causée par l’odeur de ses ordures, et quand l’hivernage arrive, l’eau de ruissellement  transporte les ordures jusqu’à nos portes. Nous marchons dedans pour pouvoir travailler, et même nos clients s’en plaignent »,  a fait savoir Daou.

En plus des travailleurs et des habitants non loin de la décharge, les passagers se plaignent très souvent de ce dépôt d’ordures qui fait venir des mouches qui sont dérangeants. Pendant l’hivernage aussi, l’accès au cimetière devient extrêmement difficile et parfois, les enterrements se font à la hâte à cause des odeurs suffocantes que dégage la décharge. Par conséquent,  expliquent les habitants, nous espérons que le gouvernement aura des solutions idoines à ce problème afin que les populations environnantes puissent respirer de l’air pur.

Bernadette Sidibé, stagiaire

Source : Le Républicain

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