Les participants de ce groupe sont dans le vif du sujet, depuis lundi. Les débats d’hier matin ont porté sur la thématique 2, intitulée «défense et sécurité-souveraineté-lutte contre le terrorisme-questions géostratégiques et géopolitiques». Lors de ces échanges, dont la police était assurée par l’ancien ministre Zeïni Moulaye, plusieurs propositions ont été faites dans le sens du renforcement de notre armée.
Ses effectifs et ses moyens doivent être considérablement renforcés, de sorte à pouvoir faire face aux différentes menaces sur toute l’étendue du territoire national. Mais, a préconisé Mariam Touré, il faudra d’abord faire l’état des lieux «des moyens humains et matériels dont nous disposons pour réellement partir sur de nouvelles bases».
Mohamed Dicko du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS) et Sékou Fantamady Traoré de l’Adema-PASJ sont sur la même longueur d’onde. Pour Dicko, «37% du budget doit être consacrés à la défense pendant les huit prochaines années» et M. Traoré a souhaité le «recrutement d’au moins 100.000 militaires avant la fin de cette Transition». Alors que l’ancien ministre Abou Sow suggérera la création d’un observatoire de la défense qui «réunira nos valeureux officiers à la retraite».
Abdoul Wahab Mariko, enseignant de formation, et le colonel-major Satigui Sidibé se sont dit préoccupés par les conditions de vie et de travail des militaires. En plus, le premier a insisté sur la nécessité de mettre en place un État-major particulier de coordination des actions de l’ensemble des Forces armées présentes sur notre territoire. Et le second a prôné une relecture des accords de coopération militaire. Cet avis est partagé par le général Minkoro Kané, président des anciens combattants du Mali, qui a clairement demandé la suppression des accords qui nous « privent de notre souveraineté».
Sur le sujet, Tiémoko Mahamane Maïga, délégué du M5-RFP, est allé plus loin en citant nommément la France qui, à travers des accords, «contrôle notre espace aérien». «Il faut fermer les bases militaires françaises et l’Institut français. On doit également quitter la Francophonie et la Cedeao», a renchéri Amina Fofana, membre de Yèrè Wôlo débout sur les remparts.
Les faiblesses de l’outil de défense sont liées à des pratiques peu orthodoxes. L’ancien ministre Konimba Sidibé a mis à l’index l’injustice dans la gestion des carrières des militaires et la corruption. D’autres intervenants ont mis en cause le processus de recrutement dans l’armée et suggérer des réformes.
Diadié Touré, un Malien qui réside à Dakar, a souhaité que tous les corps paramilitaires, à commencer par la police nationale, soient militarisés. Aboubacar Sidiki Fomba demandera que le Génie militaire devienne une armée qui s’intéresse à l’exploration des ressources du sous-sol. Alors que M. Badiaga a proposé la fermeture du Prytanée militaire de Kati dont les sortants « pensent qu’après leur formation, ils doivent aller dans l’administration et non sur le front. D’où les coups d’État à répétition».
Les participants venus des régions du Nord ont souhaité l’intensification des actions militaires. Fatouma Touré de Gao a plaidé pour qu’il soit accordé à l’armée une autorisation pour mener une « opération de fouille des maisons » afin de réduire le nombre d’armes qui circulent dans cette ville. L’une des solutions proposées face à la situation dans le Centre est la dissolution immédiate des groupes d’autodéfense. Selon Sidy Haïdara, coordinateur des chefs de quartier de Mopti, il y a à peu près quinze groupes, dont Dana Ambassagou qui ont des représentants à ces ANR.
L’un de ses délégués, Almaouloud Ongoïba, a exhorté les responsables de l’Association Tabital Pulku à s’investir pour la paix, car «on ne tue pas la haine avec la haine ».
Unanimement, il a été reconnu que notre armée fait face à une guerre asymétrique. Et pour Me Hassane Barry et Maffa Haïdara, on n’est jamais venu à bout d’une telle guerre. «Il faut dialoguer avec tout le monde », ont-ils prôné.
Issa DEMBÉLÉ
Source : L’Essor