Ibrahim Boubacar Keïta ne veut toujours rien entendre de l’écrasante majorité du peuple malien. Après avoir fait assassiner, d’avril à juillet, près de 30 personnes à Sikasso, Kayes et Bamako, il s’aggrippe toujours sur le pouvoir en menaçant de tuer encore des concitoyens. Le M5-RFP, conscient de la pertinence de sa lutte, ne démort pas.
La contestation populaire ne renonce pas à nettoyer les écuries d’IBK. Le régime qu’incarne ce dernier fait toujours figure de vampire déterminé à ne laisser aucune goute de sang au peuple malien pourtant exsangue. Toutes les conditions aptes à réprimer les manifestants sont désormais réunies : stocks importants de gaz lacrymogènes, projectiles handicapants, véhicules de jet d’eau chaude et armes létales. Le pouvoir d’IBK en est désormais à ces extrémités puisqu’il est non seulement incapable de satisfaire les légitimes revendications populaires, mais en plus il n’a avec lui aucune force politique digne de ce nom pour le soutenir. Le crime faisant l’arme principale du faible, il n’y a plus que “blesser et tuer” pour se faire entendre.
Lorsque le jour de la Tabaski IBK dit que l’État s’assumera, il n’a exprimé rien d’autre que sa détermination à réprimer son peuple avec rigueur, au besoin en semant à nouveau la mort; il a dans la même veine tout simplement notifié qu’il tuera plus que 23 âmes si on ne le laissait pas dans son inconfort penaud de président déligitimé par son incapacité à honorer son serment à servir l’État et la République avec loyauté et efficacité. Qu’est-ce qui est au bilan de ce président depuis sept ans si ce n’est gaspillages et dilapidations, surfacturations et évasions de deniers publics, casse de l’armée nationale, de l’école, des infrastructures routières, de massacres records des populations civiles, etc.? Qu’est-ce qui marche chez ce chef de l’État si ce ne sont les Forces de sécurité pour créer la psychose populaire, le renoncement du peuple à ce pourquoi il a porté un des siens au sommet de l’État ? Qu’est-ce qui prévaut à présent dans ce pays si ce n’est un peuple face à son bourreau, en tout cas tout moins face à une vie sous Néron, Ceausescu, Duvalier, Bokassa, Idi Amin Dada, Mobutu…? Perdre la légitimité aux yeux de ses concitoyens en recourant à l’étranger pour les violenter n’est pas une réussite, pas davanrage un honneur; ce n’est pas agir en démocratie.
Le M5-RFP tient ferme sur sa position de défense de la patrie et des citoyens. Les chantages, les débauchages, la corruption et autres démarches saugrenues contre lui ne sont pas parvenus à ébranler sa solidité, ni à fissurer ses rangs. Les arrestations et condamnations expéditives n’ont pas sapé son moral non plus. Bien au contraire, toutes les manoeuvres tendant à l’affaiblir ont fait choux blanc. C’est parce que la cause à défendre est noble et que les citoyens, le plus grand nombre, ont une claire conscience du combat à mener. Le Ciel lui-même, meilleur observateur de tout, fait que c’est justement le président et sa base rétrécie comme une peau de chagrin qui rechignent à appliquer les recommandations de la C.E.D.E.A.O. et de la communauté internationale pourtant dressées en chien de garde du régime. Le M5-RFP a été clair : il n’accepte pas les propositions de la C.E.D.E.A.O. pour la simple raison qu’elles sont fausses de par le diagnostic et ne sauraient donc être des remèdes, mais aussi parce qu’elles violent la constitution du Mali. Le Président IBK s’est certes précipité à balancer comme un article de presse trompeur son gouvernement restreint dès la fin de la visioconférence des chefs d’État de la C.E.D.E.A.O. présidée par Mahamadou Issoufou qui, hier, a réclamé avec une véhémence si forte la démission du Président Mahamane Ousmane que coup d’État s’en est suivi, mais les autres solutions proposées par l’instance sous-régionale demeurent superbement ignorées par le président lui-même et son camp jusqu’à ce jour. Ibrahim Boubacar Keïta doit s’attendre à se faire taper sur les doigts par la C.E.D.E.A.O., avant tous les autres acteurs.
Dans l’attente d’un dénouement de la crise de plus en plus corsée, le M5-RFP élargit sa base d’action à l’intérieur du pays comme dans la diaspora. Pour la première fois, une plateforme de veille citoyenne non malienne, la togolaise basée à Genève, a même rejoint les rangs de la contestation malienne. Et Me Mohamed Aly Bathily a opportunément rappelé à IBK que le 14 juillet 1789, le peuple français a pris d’assaut la plus forte prison de Paris, donnant naissance à la Révolution française. Le peuple malien non soumis, non résigné, debout sur les remparts, a le dos très rond et les nerfs suffisamment solides pour soulever Koulouba et le jeter dans le fleuve Niger.
Amadou N’Fa Diallo
Source : L’aube