Des cracks du Comité stratégique du M5-RFP seraient dans la dynamique de mettre en œuvre des voies et moyens afin d’obtenir la destitution de Choguel Kokalla Maïga de son poste au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Le coup mal préparé ne leur aurait pas permis d’atteindre cet objectif. En témoigne l’interview accordée à sa sortie de la réunion qui aura duré, selon lui, 5 heures d’horloge. C’était ce vendredi 4 mars 2022, au cabinet de l’ancien chef de file de l’opposition.
La sérénité semble un intrus dans la grande maison du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Et pour cause, depuis la nomination de Choguel Kokalla Maiga à la tête de l’attelage actuel de la transition, certains as ne dormiraient que d’un œil. Les attentes n’ont-elles pas été comblées ? C’est du moins la question que l’on se pose lorsqu’on sait que des communiqués, dans un passé récent, ciblaient l’actuel Premier ministre, leur camarade de lutte contre le régime défunt d’IBK.
Dans un communiqué en date du 7 janvier 2022, ils ont fustigé la gestion de Choguel Kokalla Maiga. Ils disaient qu’après 7 mois de gestion, il existe peu d’indices visibles permettant de croire que le pays est engagé sur la voie de la refondation.
Les communiqués n’ayant pas suffi, les camarades du M5-RFP de Choguel ont décidé de passer à l’étape supérieure. Leur méthode fixe le cap sur sa destitution. Pour le faire, le vendredi soir, une réunion extraordinaire a été organisée en présence des ténors dont les voix comptent beaucoup. Il s’agit bien de ceux qui étaient là lors de la lecture des 10 commandements de la désobéissance civile, sur la place de l’indépendance.
Les points suivants étaient inscrits à l’ordre du jour : la tentative de destitution de Choguel Kokalla Maïga, l’évaluation des 10 recommandations qu’ils brandissaient à la face des colonels quand Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane avaient voix au chapitre. Parmi les points de l’ordre du jour, figurait aussi la question de l’ouverture du gouvernement et du CNT. Une manière, pour eux, de regarder dans la direction du vent pour savoir comment goûter dans la marmite de la transition politique.
Le jeu était donc clair pour eux et certains jeunes revoltés. Il ne s’agit que d’affaiblir Choguel. Ainsi, au moment où sa voix ne portera plus, il leur sera plus aisé de tourner définitivement sa page dans ce pays. Les militaires, toujours dans la recherche d’un autre Premier ministre et face à la pression de la Cedeao, leur laisseront encore la latitude de désigner un nouveau Premier ministre. La tentative n’aurait pas eu la vie dure. Elle a été étouffée dans le berceau. Car enfin, Choguel a tenu la réunion avec les principaux organisateurs.
Après la réunion de 5 heures, de 17 à 23 heures, Choguel fait une déclaration au nom du M5-RFP. « Ce qu’on a fait, c’est ce qui doit être fait en Afrique. Les responsables du M5-RFP sont venus pour renverser la table et se diviser. Je leur ai dit de s’asseoir et de discuter. J’ai écouté tout le monde. Tous les Maliens font confiance au gouvernement. Le M5-RFP doit aussi travailler pour renforcer cette confiance », a martelé Choguel, à sa sortie de la réunion.
Il s’agit, selon lui, de la confiance entre le peuple et le président de la transition, entre le peuple et le Conseil national de transition. Le chef du gouvernement appelle à l’union sacrée autour de la cause. « Que tout le monde se donne la main. Pour la gestion du pays, sachant bien que le linge sale se lave en famille, au lieu d’aller dire certaines choses dehors », laisse entendre Choguel qui veut que la solution soit trouvée à l’interne dans la concorde autour de l’essentiel.
De son avis, il s’agit d’aider le président pour redonner au Mali sa dignité et sa noblesse d’ici la fin de la transition. Cela, dit-il, pour que, le jour où la transition prendra fin, il y ait l’organisation d’une bonne élection présidentielle dans le pays sécurisé, nanti de grandes réformes politiques et institutionnelles. Donc, Choguel se dit convaincu que le nouveau président qui sera élu travaillera avec le peuple.
Le Premier ministre invite à mettre à profit la période transitoire. « Ne faisons pas de la transition seulement une occasion de l’organisation des élections. La Cedeao et nous sommes en discussion. Chacun connait maintenant sa limite. Les experts travaillent ensemble. Nous diversifions les choses. Que les Maliens sachent que la Mali ne peut pas sortir de la Cedeao. Nous l’avons dit à nos militants », conseille-t-il.
Il n’a pas occulté le soutien du peuple à l’armée. « Que les forces du changement se fassent confiance pour soutenir l’armée. Il faut veiller à ce que les contradictions ne se transforment pas en antagonismes. Il ne faut jamais perdre de vue les objectifs. Garder la main dans la tempête, on va mener le peuple malien à bon port, le président de la transition à la tête de notre équipe », a-t-il ordonné.
Si des partis politiques connaissent des divisions, des guerres de tranchées, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) est aussi loin d’être un long fleuve tranquille.
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte