L’Assurance maladie obligatoire (AMO) traverse le plus gros scandale financier depuis a création. Son chef de bureau à la direction générale de la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS), a détourné 649 267 006 millions de F CFA sur des fonds de prestations destinés aux remboursements des structures conventionnées.
L’Assurance maladie obligatoire (AMO) traverse le plus gros scandale financier depuis a création. Son chef de bureau à la direction générale de la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS), le frère cadet du général Moussa Sinko Coulibaly, a détourné 649 267 006 millions de F CFA sur des fonds de prestations destinés aux remboursements des structures conventionnées.
Ce scandale a été mis au grand jour à la suite d’un audit interne initié par la direction générale de la CMSS, en 2015. Il a été révélé de grosses malversations financières sur l’établissement des ordres de virements faits pour rembourser les factures des structures conventionnées à l’AMO. Les fraudes constatées ont engendré un déficit de 584 852 483 millions de F CFA détournés ou soustraits au préjudice de la CMSS.
Plusieurs agents de la chaîne de traitement des dossiers pour le remboursement des factures des structures conventionnées à l’AMO ont été arrêtés à la suite d’enquêtes de la Brigade économique et financière de Bamako, sous l’impulsion du Procureur de la République chargé du Pôle économique et financier de Bamako. Les mis en cause ont été poursuivis puis inculpés pour “crimes d’atteinte aux biens publics par faux et usage de faux”.
Le principal inculpé est Mamadou Kolet Coulibaly. De 2012 à 2015, il a réussi son coup en qualité de chef de bureau AMO et chargé de la comptabilité de l’AMO à la CMSS et des établissements des ordres de virements pour le remboursement des factures des structures conventionnées à l’AMO. Il a profité de ses responsabilités pour établir des ordres de virements en imitant la signature de Djigui Kéita, agent comptable de la CMSS.
L’établissement des ordres de virement pour le remboursement des factures conventionnées à l’AMO obéit à un circuit. Après vérification et paraphe desdits ordres de virement, le chef de division comptabilité générale de la CMSS les transmet au bureau de l’agent comptable, Djigui Kéita. Ce dernier procède à la même vérification avant de les signer. Il les transmet à son tour par l’intermédiaire du bureau AMO à la co-signature de la directrice générale de l’époque. Une aubaine pour Mamadou Kolet Coulibaly, chef dudit bureau. Il profitait alors pour en ajouter des faux ordres de virements avant de les soumettre à la signature de la directrice de la CMSS. M. Coulibaly avait des ordres de virement qu’il était chargé de remplir. Il en profitait pour imiter la signature de l’agent comptable, Djigui Kéita.
Pour récupérer l’argent issu des ordres de virement, Mamadou Kolet Coulibaly avait ouvert en son nom, un compte bancaire à la BMS-SA et un autre dans la même banque, cette fois-ci au nom de Souleymane Tata Kéita, employé de commerce à qui il avait établi une procuration pour être signataire de ce compte.
Son lien avec Souleymane Tata Kéita est que celui-ci est un proche parent à lui. Mamadou Kolet Coulibaly l’a emballé dans son jeu en lui faisant miroiter le financement d’un projet d’élevage de volailles qui le tenait à cœur. Ce projet est d’ailleurs resté sans suite, un éléphant blanc. Au regard de son innocence et de sa naïveté, il n’a pas été inquiété par la justice.
Stratagème bien huilé
Par ce stratagème bien huilé, Mamadou Kolet Kéita a reçu sur ses comptes plusieurs virements estimés à 649 267 006 F CFA et 69 018 198 sur celui de Souleymane Tata Kéita, à travers des chèques au porteur qu’il émettait pour le compte des tierces personnes.
Son mode opératoire lui a permis de soustraire des fonds prévus pour désintéresser les structures conventionnées de l’AMO, grâce aux faux ordres de virements et l’imitation de différentes signatures de ses collègues. Selon des constats, s’il a pu échapper aux structures de contrôle ou d’audit interne, parce qu’il avait pris soins de ne jamais enregistrer les opérations frauduleuses dans les registres comptables tenus à cet effet. Il ne les mentionnait non plus dans le système automatisé des opérations financières de la CMSS.
L’information judiciaire contre M. Coulibaly, qui se trouve incarcéré, est terminée depuis quelques mois et son dossier remis à la Cour d’appel. Il n’attend plus qu’à être devant la Cour d’assises, pour “crime d’atteinte aux biens publics par fabrication de faux ordres de virement et par usage desdits faux documents, par imitation de signatures de différents comptables et chefs comptables ou de la directrice générale de la CMSS occasionnant un préjudice de 649 267 006 F CFA à la CMSS”. Faits punis de la peine de réclusion criminelle à perpétuité au regard des dispositions des articles 106 et 107 alinéa 3°-d) du Code pénal.
Mais tout comme dans l’affaire Mady Sy, le régisseur des domaines de Koulikoro qui est inculpé pour avoir subtilisé plus de 359 millions de F CFA et dont nous avons parlé dans notre précédente parution, la justice se hâte lentement à convoquer Mamadou Kolet Coulibaly.
Selon nos investigations, Mamadou Kolet Coulibaly est le frère cadet du général Moussa Sinko Coulibaly. Il est soupçonné d’être propulsé à ce poste pendant la transition par son grand frère.
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune