La deuxième audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation s’est déroulée ce samedi 5 décembre 2020 au Centre International de Conférence de Bamako. Sur plus de 19.000 victimes enregistrées, 12 dont la moitié est venue du centre et du Nord, ont pu revenir ce week-end sur les violences qu’elles ont subi et les souffrances endurées. Dans la salle du CICB, l’émotion de l’auditoire était grande lorsqu’Isac Dara, un des rescapés du massacre perpétré à Sobane-Da au centre du Mali par des hommes armés non identifiés, a raconté ce qu’il a vécu le 19 juillet 2019.
Tout en tremblotant, cet homme d’une quarantaine d’années a eu à peine les mots pour regretter la perte de sa famille et ses proches dans cette attaque : « Ils sont mis le feu à la case pour nous briller vifs ,j’ai pu quitter le feu. En sortant de la case, un assaillant a tenté de tirer sur moi sans succès. J’ai échappé », a martelé Isac Dara avant d’appuyer ses mots en montrant les traces des brûlures sur l’un de ses bras et sur son visage : « Vous voyez ces brûlures sur mon bras ,c’est le feu qui m’a brûlé, mais ma femme, mes enfants et mes neveux ont tous été calcinés », a t-il conclu.
De leur coté, les conseillers aux victimes de la CVJR expliquent qu’«écouter les victimes, c’est un pan important vers le soulagement ». Pour Dr Diarra Yaye Diarra, la méthode thérapeutique est simple : « on les écoute d’abord ensuite on cherche à identifier ce qui peut les bloquer. Donc si les problèmes sont identifiés. Il y a des solutions adaptées ». Pour cette conseillère de la CVJR, « la conduite à tenir est fonction de la victime devant laquelle on se retrouve mais l’écoute est le premier élément le plus important. Tu fais parler une victime, rien que pour cela, il est soulagé ».
Isac Dara et beaucoup d’autres victimes aspirent au retour de la paix et du vivre ensemble au Mali. Selon eux, la vengeance et la guerre ne laissent derrière elles que perte et regrets. Cependant pour de nombreux experts les autorités doivent vite mettre en place le mécanisme de réparation.Pour Me Amadou Tiéoulé Diarra, enseignant à la faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako et Avocat au Barreau Malien : « Il va être difficile pour les juridictions de trancher les litiges entre les victimes et les bourreaux. Car, la justice est obligée de s’en tenir à la décision politique qu’est la réparation ».
Source : Studio Tamani