La 49ème session Conseil d’Administration de l’office du Niger s’est tenue la semaine dernière sous la présidence du PDG Abdoul Karim Konaté. Les administrateurs ont passé au peigne fin le projet de budget 2022, le plan de campagne 2022-2023 et programme annuel d’entretien du réseau hydraulique PAE.
Le discours d’ouverture du PDG aura permis aux administrateurs de se faire une idée sur le bilan de la campagne 20-21 ; un bilan qui retrace les résultats, les contraintes, les mesures d’accompagnement et les perspectives. Le moins qu’on puisse dire ce qu’il a fallu tenir tête aux nombreuses difficultés qui ont jalonné la campagne 20-21 et qui risquent si des mesures ne sont pas prise au niveau national de planer sur le futur immédiat.
L’arme de la famine
En effet, la zone office du Niger a été sérieusement éprouvée par une insécurité endémique et multiforme. En plus des attaques des paysans sur la lisière nord du périmètre interdisant la mise en valeur de certaines parcelles, les forces hostiles ont de nouveau empêché les paysans de moissonner en brulant des récoltes. La stratégie consistait à affamer les populations pour les dominer surement. Pris entre les feux de ceux qu’on appelle des djihadistes et des Dozo des producteurs ont en réponse conclu des « deals » avec des assaillants par instinct de survie. Avaient-ils le choix ?
Malgré cette situation qui a entrainé par endroit une parésie du système de production et de distribution, l’office a pu produire 837300 tonnes de paddy, 286751 tonnes de produits maraichers, 71948 tonnes des cultures de diversification (tubercules & légumineuses).
Au plan des activités génératrices de revenu, l’embouche a produit 4081 têtes de bovins, 2748 ovins. La production de poissons toutes catégories confondues a dépassé la centaine de tonnes. A cela, il faut ajouter les progrès réalisés en avicultures, l’apiculture et la protection de l’environnement.
Toutes fois faut-il signaler qu’à cause de l’insécurité et de ses effets indus, l’office a été obligé de dégrever 4.22% des surfaces mises en valeur soit un manque à gagner en terme de redevance eau à hauteur de 302513467 francs CFA. En plus de l’insécurité, il a fallu faire face à l’insuffisance de la quantité d’engrais subventionné qui n’a couvert que 36.80% des besoins réels. Conséquence, les producteurs n’ont eu que 3 sacs à l’hectare contre 6 par le passé. Le dérèglement des circuits d’approvisionnement et commercialisation a provoqué une surenchère exceptionnelle : de 19.800 francs CFA, le sac de riz est passé à 30000francs CFA.
Atténuer la souffrance paysanne
L’examen de la campagne commande de porter assistance à l’office du Niger en tant que structure et à ses producteurs. C’est ainsi que le gouvernement est sollicité pour : sécuriser la zone afin de permettre un meilleur service de l’eau pendant la contre saison, relever le niveau du taux de couverture de l’engrain subventionné ,appuyer les producteurs sinistrés en semence et en fin combler le GAP financier créé par le dégrèvement.
L’office a déjà pris le devant en prenant les dispositions pour exempter du paiement de la redevance de toutes les parcelles affectées par l’insécurité. Cette mesure va occasionner une perte sèche de 420 millions sur les redevances de la campagne à venir. C’est pourquoi l’office interpelle les producteurs non-éligibles à ce cordon social de s’acquitter de leur redevance pour la mise en œuvre correcte du plan d’entretien du réseau.
Plus un million de tonnes attendus toutes spéculations confondues.
Le budget 2022 qui reflète les ambitions chiffrées de la campagne agricole est équilibré en emploi et en ressource à 34,459 milliards francs CFA pour l’année 2022. Il est légèrement en baisse par rapport celui de l’année dernière (37,837 milliards). Une situation qui s’explique par la fin de certains projets d’aménagement. Le budget 2022 a été élaboré tout en comptant sur la poursuite de la coopération avec l’ensemble des PTF et l’allocation par l’Etat de 5,5 milliards. Il reflète l’ensemble des programmes et activités de la campagne. Celle-ci s’annonce dans un contexte plus favorable marqué par la présence de plus en plus accrue des forces de défense et de sécurité du Mali, le démarrage de l’étude d’emménagement du canal de Macina et de la faisabilité de 25 000 hectare de N’Dédougou IV financé à hauteur de 26 milliards par la coopération allemande et enfin l’allocation 3,5 milliards par l’Etat pour la réhabilitation du barrage de Markala en collaboration avec les ateliers militaires centraux.
L’exécution de ce budget permettra à l’office du Niger de produire 1.431.839 tonnes toutes spéculations confondues. Celles-ci se répartissent entre 905410 tonnes de paddy, 410068 tonnes de produits maraîchers, 116361 tonnes de cultures de diversification. Pour atteindre ces objectifs, l’office compte sur un conseil agricole de proximité au moyen de la vulgarisation de bonnes pratiques, un meilleur service de l’eau et la réhabilitation de plusieurs de casiers. Plus de 6 milliards 180 millions seront injectés dans l’entretien du réseau et la restauration/réhabilitation de certains casiers.
MOC
Source : Delta Tribune