Même si la CEDEAO joue un rôle important dans le processus de sortie de la crise sociopolitique que le pays traverse depuis plusieurs mois, tout semble indiquer que les acteurs en présence privilégient une démarche endogène maliano-malienne avec une dose de patriotisme avéré.
Le dernier séjour du Médiateur en chef de la CEDEAO dans la crise sociopolitique malienne, l’ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, a révélé que les protagonistes maliens croient plus en leurs capacités internes de se surpasser pour se comprendre.
Si le Médiateur de la CEDEAO n’a pas été boudé, durant ce nouveau séjour, ont relevé certains analystes, c’est simplement par civilité et par respect aux valeurs séculaires d’hospitalité et d’écoute du peuple malien. Mais, les rencontres sollicitées par le Médiateur n’ont plus suscité l’engouement habituel. « Il (le Médiateur, NDLR), connait déjà nos positions et n’a rien proposé de nouveau… » avait murmuré un haut responsable politique du M5-RFP. Comme pour traduire son manque d’engouement à s’asseoir à nouveau à la table de l’ancien président nigérian. Même son de cloche du côté d’un leader politique de la majorité, qui attire l’attention sur le fait que la CEDEAO ne maîtrise pas tous les contours de la crise…
Ce manque d’empressement à le rencontrer au sujet de la crise sociopolitique a incité Goodluck Jonathan à opter pour une sorte de sous-traitance avec l’influent chef religieux de Nioro du Sahel. Il s’est donc rendu chez ce guide religieux pour solliciter son « implication en vue de l’apaisement » pour une sortie de la crise. Ce qui en soi, est un aveu d’impuissance. Comme pour dire que la CEDEAO veut compter sur des ressorts internes pour accorder les violons ou arrondir les angles.
Et selon des indiscrétions, le Médiateur de l’organisation sous-régionale a insisté auprès du chérif afin que celui-ci invite l’imam Mahmoud Dicko, l’autorité morale du M5-RFP, à« aller à l’apaisement ». En d’autres termes, Goodluck Jonathan a demandé à Bouyé Haïdara d’appeler son « frère et ami » ancien président du Haut conseil islamique à tempérer les ardeurs de la contestation contre le président IBK.Tout en suggérant qu’il urge d’aller rapidement à un gouvernement d’union nationale avec possibilité de trouver un Premier ministre consensuel. Cette démarche n’a pas déplu au leader religieux de Nioro du Sahel, qui tenait aussi à arrondir les angles avec l’imam Dicko et ses principaux lieutenants du M5-RFP. Ce qui fut le jeudi dernier lors d’un entretien qui a duré 7 heures d’horloge (de 16 heures à 23 heures) entre le chérif et ses invités, Mahmoud Dicko et Dr Choguel Kokalla Maïga. Lesquels échanges ont permis aux uns et aux autres de se rendre compte de leur convergence de vue sur les « tares de la gouvernance IBK » tout en admettent de sauver le pays.
Par ailleurs, le Médiateur, conscient de ses limites à impulser l’apaisement désiré, sollicitera auprès du chef de l’Etat qu’il daigne recevoir le M5-RFP. Sans au préalable s’assurer de la disponibilité du mouvement de contestation à aller discuter avec IBK. Celui-ci, fidèle à son option de la « main tendue » a accepté l’entrevue, mais le M5-RFP a opposé une fin de non-recevoir en posant des préalables qui mettent Goodluck Jonathan une nouvelle fois hors du jeu des discussions auxquelles il devrait assister.
Selon des confidences, les leaders religieux Ousmane Chérif Haïdara, Bouyé Haïdara et l’imam Mahmoud Dicko se sont accordés pour apaiser la tension politique et tout se met en place(la question des préalables posés par le M5-RFP) pour que IBK reçoivent finalement les contestataires du M5 dans les prochaines heures. Peut-être sans les oreilles indiscrètes de la CEDEAO.Cela s’appelle la domestication des incompréhensions politiques !
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net