Après quatre mois de blocus, les occupants ont exigé et obtenu des habitants la cessation de toute collaboration avec l’armée malienne et l’acceptation de leur fréquentation du marché.
Un vent de semi-liberté souffle sur le village de Dinangourou. Au terme de négociations entamées par les chefs coutumiers de la localité un accord non écrit est intervenu avec les djihadistes qui ont mis fin au blocus en échange de la cession de toute fourniture de renseignements des populations aux Forces armées et de sécurité et l’acceptation de leur fréquentation du marché. C’est la fin de près de quatre mois d’occupation pour les habitants de Dinangourou, proche de la frontière avec le Burkina Faso. Depuis le 2 mai 2021, ce village situé dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, était assiégé par les groupes armés.
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Ce n’est pas un accord écrit mais plutôt un engagement moral entre l’association Monobemou dans le cercle de Koro, les autorités coutumières de Dinangourou, et les groupes armés qui a permis cette levée d’embargo.
Les désormais ex-occupants ont présenté des doléances à taille huamine. “Ils souhaiteraient aussi fréquenter le marché de Dinangourou”, explique Amadou Aya, un natif du village de Dinangourou, résidant à Bamako. “En contrepartie, ils ont publiquement l’engagement de ne plus s’attaquer aux citoyens, de ne plus poser des engins explosifs improvisés, de mettre un terme à leur vol de bétail, de lever toutes les entraves à la liberté de mouvement des personnes. Voilà les conditions qui ont été discutées par les uns et les autres”,a-t-il ajouté.
Demain, le piège
Adama Diongo, le porte-parole du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti a affirmé craindre de son côté les conséquences de cet acte dans le futur.
« Lorsqu’on regarde les termes dans lesquels l’accord a été obtenu, il est demandé désormais aux populations de se désolidariser totalement de l’armée, de se désolidariser des chasseurs traditionnels, de pouvoir les laisser faire leurs prêches à Dinangourou, entrer et sortir du village comme ils l’entendent. Donc, même si demain l’armée veut mener des opérations dans la zone, en tout cas, si l’on s’en tient aux engagements pris, les populations ne pourront plus aider l’armée », a-t-il regretté.
Fani
Source : L’Informateur