«Tant que les autres porteurs illégaux d’armes ne sont pas désarmés, jamais nous ne le serons » dixit le président de Dana Ambassagou
Contre la décision du gouvernement de dissoudre Dana Ambassagou suite à l’attaque qui a fait plus de 160 morts à Ogossagou dans le cercle de Bankass, le président de ce mouvement d’auto-défense dit non, et pose ses conditions.
Dans une déclaration audio de 18 minutes on entend le président de la milice armée dogon, Dana Ambassagou, Youssouf Toloba dire en langue bambara leur refus catégorique de dissoudre leur association. Il se pose la question de savoir sur quelle base se fonde le gouvernement pour prendre un tel acte. Selon lui, de 2016 à nos jours, le nombre de dogon qui ont été assassinés par des bandits qui sont ‘’connus de tous’’ est incalculable.
Le président de Dana Ambassagou laisse entendre qu’il accompagnait jusque-là les actions du gouvernement, même si ces derniers n’ont pas créé leur association. Avec cette mesure prise par les autorités du pays, Youssouf Toloba pose la question de savoir comment le gouvernement peut dissoudre une association dont il n’est pas l’initiateur.
C’est pourquoi d’ailleurs en prenant les maliens à témoin, il jure que la seule condition de désarmer Dana Ambassagou est de désarmer tous ceux qui portent illégalement les armes dans la zone. «Tant que les autres porteurs illégaux d’armes ne sont pas désarmés, jamais nous ne le serons » souligne-t-il. Et Toloba d’ajouter que le gouvernement est resté indifférent à la situation de sa communauté qui ne cultive pas depuis trois ans, ‘’sachant bien que la faim est bien pire que les balles d’un fusil’’.
Dans le même enregistrement, le président de Dana Ambassagou jure que si le gouvernement parvenait à déployer l’armée dans leur zone « de djoura à Ombori’’ qu’il ne verra aucun porteur illégal d’arme. Faute de quoi, Youssouf Toloba jure de ne jamais abandonner le combat contre tous les bandits de la région.
Il a par ailleurs invité le gouvernement à toujours prôner le dialogue en invitant tous les mouvements d’auto-défense de la zone autour d’une table.
Mohamed Naman Keita
Tueries d’Ogossagou : Une délégation de la CPI au Mali
Les violences répétées dans le centre du Mali sont extrêmement préoccupantes. Le samedi 23 mars, le village d’Ogossagou, situé dans la région de Mopti, a été le théâtre d’attaques barbares au cours desquelles plus de 130 civils innocents, dont des femmes et des enfants, ont été massacrés et des dizaines d’autres grièvement blessés. Face à cette situation, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda dans une déclaration, a annoncé le séjour, depuis hier mercredi, d’une délégation de son bureau au Mali, afin d’envisager une enquête des poursuites contre les auteurs de ‘’ ces crimes abominables’’.
« Je condamne fermement ces crimes et appelle toutes les parties concernées à s’abstenir de recourir à la violence. Mon bureau est en contact étroit avec les autorités maliennes, notamment dans le cadre de ces événements signalés récemment. Il prendra toutes les mesures qui s’imposent, en complémentarité avec le système de justice pénale du Mali, afin de veiller à ce que ceux qui ont participé ou contribué de toute autre manière à ce qui semble être des crimes abominables susceptibles de relever de la compétence de la Cour pénale internationale (la «CPI» ou la «Cour») fassent l’objet d’une enquête et de poursuites. Au cours de son séjour, la délégation du bureau va rencontrer toute la semaine les représentants des autorités compétentes pour discuter de ces questions », a-t-elle indiqué.
Source: 22 Septembre