Les parents d’élèves se souviennent que l’État malien, par pure négligence peut-être, a permis la fermeture des établissements d’enseignement fondamental et secondaire. En effet, pour avoir résisté abusivement à la revendication légitime des enseignants, les pouvoirs publics demeurent les seuls responsables des échecs scolaires de toute une génération. Quand le président de la république a martelé à la télévision nationale “dura lex sed l’ex”, nous avons espéré une sortie de crise pour l’école malienne. Mais il a fallu des mois et des mois et une fronde sociale pour que le principe de l’application de l’article 39 soit admis.
Soulagés par l’annonce présidentielle du principe de l’application immédiate de l’article 39, les enseignants et sympathisants ont rangé les pancartes et repris le chemin de l’école. Au même moment, des décisions sont prises pour satisfaire les revendications légitimes des magistrats. Les autres corporations en prennent note. Mais la rumeur d’un “tripatouillage” du procès-verbal de conciliation, relatif à l’application de l’article 39, suscite indignation et colère. Les enseignants n’en démordent plus. Ils exigent, sous peine de grève illimitée, l’application immédiate et inconditionnelle de l’article 39.
Cette méthode, divise r pour mieux régner, a toujours été la politique des pouvoirs publics maliens. Cela ne date pas d’aujourd’hui et cela est dû à l’esprit corporatiste des maliens. Au lieu de se battre côte à côte pour réclamer une amélioration des conditions de travail, chaque corporation mène son combat. L’union fait la force. Les syndicats et autres acteurs sociaux sont tellement aveuglés par les combats d’intérêts personnels ou corporatistes qu’ils ne peuvent faire front unique.
Leur combat manque de cohérence et bouleverse l’ordre, l’économie et la stabilité du pays. Quand les enseignants revendiquent, les autres corporations trouvent cela exaspérant. Quand les magistrats tapent du poing sur la table, les autres corporations trouvent cela capricieux. Bientôt les enseignants du supérieur vont se faire entendre pour exiger l’application de l’article 66. Et les critiques viendront des autres corporations.
Les pouvoirs publics tirent profit de ce manque d’union et choisissent le moment et les moyens de satisfaire les revendications sociales. Il est vrai que les corporations ne relèvent pas des mêmes statuts. Mais rien ne s’oppose à un combat commun pour le respect des avantages légaux. Le fait que ces avantages aient été négociés séparément, n’est pas une raison de se désunir face aux autorités chargées de satisfaire les doléances.
Dans ces conditions, nous ne pouvons que prier pour l’école malienne à moins que l’avenir de la nouvelle génération ne soit remis au centre des préoccupations des régimes à venir. Le président IBK ayant rendu le tablier, la balle est désormais dans le camp des nouvelles autorités.
Vive la république
Dr Moussa Dougouné
Source : Le Pélican