PROPOSÉ PAR SES PAIRS DE LA CEDEAO POUR ASSURER LA PRÉSIDENCE DE L’UNION AFRICAINE EN 2022-2023, LE PRÉSIDENT SÉNÉGALAIS MACKY SALL A UN VASTE CHANTIER DEVANT LUI, C’EST DU MOINS L’AVIS DES EXPERTS EN RELATIONS INTERNATIONALES, L’ANCIEN MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES CHEIKH TIDIANE GADIO, LE PRÉSIDENT D’AFRICA JOM CENTER, ALIOUNE TINE ET LE JOURNALISTE BARKA BA SPÉCIALISTE DES QUESTIONS INTERNATIONALES…
Pour le président d’Africa Jom Center, le choix porté sur le chef de l’État Sénégalais est une bonne chose, car le Sénégal n’a jusque-là pas assuré la présidence de l’institution depuis sa naissance en Juillet 2020. Mais pour Alioune Tine, cela démontre le rôle important joué par le président Macky Sall dans la médiation des conflits de la sous-région.
« Le Sénégal n’a pas assuré la présidence de l’Union Africaine depuis la naissance de cette organisation, en Juillet 2002. La dernière fois qu’on a été à la tête de l’organisation panafricaine c’était en 1992 quand Abdou Diouf a été président de l’OUA. À rappeler que Diouf l’a été également en 1986. Que le Sénégal revienne avec le Président Macky Sall dans ce contexte de tensions, de conflits politiques et armés, n’est pas une mauvaise chose. Le leadership politique du Sénégal et du Président Macky Sall est reconnu sur le continent et en Afrique de l’Ouest. Il y a bien sûr une part d’héritage et une part de mérite personnel. Le Président Macky Sall joue un rôle discret et efficace dans la médiation des conflits dans la sous-région avec plus ou moins de succès, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée Bissau. D’ailleurs je l’encourage beaucoup dans cette tâche », se réjouit le président d’Africa Jom Center.
Son mandat prévu au courant de l’année 2022-2023, de vastes chantiers attendent le président Macky Sall, de l’avis de nos interlocuteurs. Mais pour l’ancien ministre sénégalais des affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, le respect des droits humains, la protection des droits des femmes, la réponse aux drames que vit la jeunesse africaine, et la réforme des systèmes électoraux africains pour la transparence et le respect de la volonté populaire, figurent en grande partie parmi les priorités.
« Outre ces thèmes majeurs précédemment énoncés, le respect des droits humains et du caractère sacré de la vie humaine en Afrique, la protection des droits des femmes et de la parité, la réponse aux drames que vit la jeunesse africaine (avec des formes de migration suicidaires), la réforme des systèmes électoraux africains pour la transparence et le respect de la volonté populaire et pour des élections civilisées « zéro mort » seraient aussi salués grandement par les Africains qui attendent des avancées dans ces domaines avec de « jeunes » leaders du continent comme Tshisekedi et Sall. Certes ils ne pourront pas tout faire, tout parachever, surtout pendant un court mandat d’un an contrairement aux Présidents des grandes Unions comme l’Inde, les États-Unis ou le Brésil, mais le bientôt patron de l’UA et son successeur immédiat (Macky Sall), les deux en intelligence, avec l’audace et le sens historique qui caractérisent des leaders panafricanistes « de la génération consciente », pourraient enregistrer des succès et réussir des pas décisifs dans la solidarité panafricaine, dans l’intégration économique et l’unité politique de l’Afrique », a souligné le Président de l’Institut Panafricain de stratégies.
Par ailleurs, pour Alioune Tine, la priorité des priorités c’est de restaurer la crédibilité de l’institution régionale aux regards des peuples africains, mais aussi renforcer les mécanismes des droits humains.
« La priorité des priorités est de restaurer et d’améliorer aux yeux de l’opinion africaine, la crédibilité et l’image d’une Union africaine impuissante face aux tensions politiques et sociales, aux conflits armés sur beaucoup de régions du Continent et surtout en Afrique de l’Ouest sous la menace Jihadiste et des tendances lourdes à l’autoritarisme politique, au retour des coups d’état et des répressions politiques.
Renforcer les mécanismes de protection des droits humains qui sont tous en situation d’effondrement. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, impuissante face aux violations des droits de l’homme sur le Continent. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Cour de justice de la Cedeao dont les décisions ne sont pas toujours appliquées par les États”, a confié le président d’Africa Jom Center à Dakaractu.
Pour les deux experts, le président Macky Sall dispose d’importants atouts pour changer l’image de l’Union Africaine et bien réussir son mandat à la tête de l’Union prévu pour le courant de l’année 2022-2023.
« L’Institution n’a pas une bonne image auprès des africains et la Commission est dirigée par des gens qui sont sous le contrôle des Chefs d’État qui ont les derniers mots. Face à ces contraintes structurelles, les marges de manœuvre du Président Macky sont étroites. Mais le seul fait qu’il prêche l’exemple surtout des enjeux politiques majeurs concernant l’État de droit, la démocratie et les droits humains pourrait avoir un grand impact considérable sur le Continent », souligne le président d’Africa Jom Center.
Abondant dans le même ordre d’idées, Cheikh Tidiane Gadio, de souligner que le processus engagé par le chef de l’État sénégalais bien avant son arrivée à la tête de l’union africaine peut aussi constituer un atout non négligeable.
« Quant au Président Macky Sall, avant même de s’asseoir sur le toit de l’Afrique, il avait déjà lancé des initiatives panafricaines de haute portée continentale et internationale comme le repositionnement de la dette de l’Afrique au centre des injustices mondiales qui attendent des solutions urgentes et durables, comme l’exclusion injustifiable et de plus en plus intolérable de l’Afrique du banquet du cercle fermé et réellement obsolète des cinq pays membres permanents avec droit de véto qui ont -comme on dit chez nous- fermé la porte et jeté la clé à la mer.
En excellents plongeurs, les Africains retrouveront la clé dans l’immensité océane et ouvriront très bientôt la porte pour venir occuper le siège de l’Afrique comme membre permanent avec droit de veto! Ce droit n’est pas négociable et ne peut plus être différent ! Le Président Sall a aussi lancé plusieurs initiatives via des visioconférences ou des déplacements chez les voisins ou plus loin en Afrique pour la sécurité collective du continent, la mutualisation de nos moyens et de nos compétences dans la lutte sans merci contre le terrorisme au Sahel, en Afrique et dans le monde », s’est félicité Cheikh Tidiane Gadio, dans une interview avec Dakaractu.
Cependant, même s’il se félicite de la désignation à l’unanimité du chef de l’État Macky Sall par ces pairs de la CEDEAO, pour présider la destinée de l’institution sous régionale, le journaliste Barka Ba, souligne qu’il ne faut pas avoir des attentes démesurées par rapport à cette présidence de Macky Sall.
« Il faut s’en féliciter et s’en réjouir, mais il ne faut pas avoir des attentes démesurées par rapport à cette présidence, le président de l’Union africaine n’étant au fond qu’un primus inter pares. Cela dit, au plan personnel, le président Macky Sall pourrait être tenté d’imprimer sa marque au sein de cette institution car sur le plan diplomatique et sur le plan international, cela peut lui conférer un rayonnement de plus. Après avoir fait ses preuves au sein de la CEDEAO, la présidence de l’Union africaine peut davantage contribuer à faire de Dakar une place diplomatique incontournable, surtout au moment où l’Union africaine fait face à des situations très compliquées comme la pandémie du coronavirus qui est venue se greffer au défi sécuritaire dans le Sahel », a rappelé le Journaliste.
Toutefois l’un dans l’autre, nos interlocuteurs restent convaincus que la présidence de Macky Sall à l’Union Africaine participera au rayonnement de la démocratie sénégalaise dans le concert international…
Source: dakaractu