Le délai de 24 mois proposé par les autorités de la transition au Mali à la Cedeao a été rejeté par celle-ci lors de sa dernière rencontre et qui, à son tour, a donné aux dirigeants 12 à 16 mois pour organiser les élections et céder le pouvoir. Le délai donné par nos autorités est incompressible selon elles, car de 5 ans, elles l’ont réduit à 3 ans puis à 2 ans, comme les assisses ont demandé (un délai allant de 6 mois à 5ans). Les populations demeurent sous embargo malgré son caractère illégal et illégitime, dont le Mali vient d’être conforté par une décision de la Cour de l’Uemoa demandant de surseoir à cela. Le bras de fer continue. Nous avons approché certains acteurs concernés au cours d’un micro-trottoir pour connaître leurs avis sur la situation. Lisez plutôt! Mahamane Mariko, acteur politique.
A ce stade de la Transition, je pense qu’il faut être objectif. Il y avait une grande division sur l’issue de la Transition. Quid de ceux qui voulaient les élections générales à tout prix avant le 27 février 2022 et ceux qui réclamaient une prorogation afin de mieux faire les choses, c’est-à-dire en prenant en compte des réformes politiques majeures proposées aux ANR. Mais aujourd’hui, tous s’accordent à accepter avec réalisme la nécessité d’une prorogation. C’est pourquoi, je pense que les autorités actuelles doivent capitaliser cette situation politique. Mieux, cette position est réconfortée par l’arrêt de la Cour de l’Uemoa du 24 mars 2022, jugeant illégales les sanctions économiques imposées à notre pays. Il faut trouver urgemment un compromis raisonnable avec les autres partenaires (16 mois de prorogation), surtout que cette proposition se trouve dans la fourchette donnée lors des ANR. Il faut savoir intelligemment sortir de cet isolement.
Yaya Sinayoko, enseignant
D’abord, je tiens à dire que le bras de fer entre notre pays et la Cedeao n’a que trop durer et n’arrange personne. Alors, il faut très rapidement trouver une solution pour sortir de cette impasse afin de permettre à nos autorités de se focaliser sur leurs objectifs, à savoir la sécurisation de notre territoire qui connaît une grande avancée, les réformes politiques et institutionnelles qui tardent à voir le jour. C’est pourquoi je suis pour une transition de 16 mois. D’ailleurs, il n’y a que 8 mois entre ces deux délais 16 et 24 mois. Ce choix est motivé par le fait que le monde connaît une hausse des prix des ressources énergétiques et alimentaires due à la guerre en Ukraine. Quand on ajoute l’embargo à cela, je crois qu’il sera difficile pour le peuple malien de pouvoir supporter les effets de ces différentes situations. Cependant, nous devons saluer la résilience du peuple malien qui, malgré les difficultés liées aux sanctions de la Cedeao, arrive à tenir le coup d’une manière ou d’une autre. Mais jusqu’à quand cela va durer ? Ensuite, n’oublions pas que le mois de ramadan est à nos portes. Si les sanctions continuent, on pourrait vivre un mois de ramadan assez difficile pour les musulmans. Enfin, je trouve qu’on peut poser durant les 16 mois les bases d’un État fort et indépendant, capable d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens. Nous pouvons aussi mener les réformes nécessaires à la construction de cet État de droit pour aboutir à des élections libres et transparentes.
Abou Dramane Koné, Coordinateur d’ONG
Pour moi, il faut accepter les 16mois proposés par la Cedeao.
Il justifie que parce qu’une transition c’est pour gérer les situations urgentes et organiser l’élection présidentielle hors dans notre cas la situation urgente c’est la sécurité et cela se gère au fur et à mesure. Pendant 16 mois, on peut réélire le fichier électoral et organiser l’élection présidentielle.
Issiaka Tamboura, Directeur de Publication du journal le Soft
Compte tenu des dix-huit mois de la première phase de la transition soldée par des tergiversations, les autorités de la transition actuelles doivent saisir l’occasion en acceptant les seize mois proposés par la communauté internationale. Car, pour moi, il est quasiment impossible de voir le Mali reprendre les rails sans le retour des investisseurs et aucun investisseur n’aimerait investir dans un tel climat d’une junte au pouvoir dans une illégalité totale. C’est pourquoi, pour faire bouger l’économie, mettre les gens au travail, il faut aller dans seize mois, mettre à jour un fichier électoral valable, ramener la sécurité sur l’essentiel du territoire national et organiser des élections crédibles qui puissent permettre au Mali d’avoir un président et des députés démocratiquement élus. Une étape qui va certainement sonner le retour du Mali dans le concert des nations, afin d’amorcer l’étape d’un développement harmonieux.
Pour ce qui est des réformes institutionnelles, elles requièrent de la légitimité de ceux qui nourrissent son projet. Cela est donc du ressort des autorités légitimes élues dans un système démocratique comme le nôtre. Ne pas accepter les 16 mois serait perçu comme une volonté affichée par les militaires et leurs alliés du M5 de punir la population malienne, assaillie par une crise multidimensionnelle.
A.S, informaticien
Je valide les 24 mois de la transition. On a besoin d’un Mali nouveau, les mentalités doivent changer pour aller de l’avant ; puis je pense que la transition est assez avancée, donnons-lui la chance de nous donner un nouveau Mali. Certes pour le moment tout n’est pas parfait, mais les choses bougent petit à petit et iront beaucoup mieux avec le soutien et la confiance de toutes et tous.
Bandiougou Keïta, homme politique
Tout en regardant la constitution malienne, la période de la transition ne doit pas dépasser 40 jours. Situation exceptionnelle, elle a eu les 18 mois avec le consentement de tous, après la Cedeao a accepté.
D’après les autorités maliennes, c’est le peuple qui a demandé 06 mois à 5 ans. Comme cet intervalle de 16 mois y est inclus, elle doit accepter ça pour la levée des sanctions que la population subit. Personnellement, elle ne mérite pas d’autres périodes car on ne peut pas nous dire concrètement ou scientifiquement le bilan des 18 mois.
Aly Sidibé, informaticien:
Les autorités maliennes doivent accepter les 16 mois proposés par la Cedeao. Je pense que si la Cedeao veut que ça soit 16 mois, il faut accepter. On peut organiser et réussir les élections en 16 mois.
Issa Koné, ancien député
Je soutiens les décisions de notre président de la transition sur la durée de la transition. Les 24 mois sont proposés par la partie malienne à l’issue des rencontres techniques.
Séméga, expert électoral
Je propose 36 mois maximum et 24 mois au minimum pour la durée de la transition. Parce qu’il faut d’abord assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire. La sécurité est un élément indispensable pour l’organisation d’une élection libre, crédible et transparente. Selon lui, cette période de 24 mois permettra à notre pays de satisfaire les conditions sine qua non de préparation, d’organisation et de réussite d’élections générales et référendaires sécurisées, libres, transparentes, crédibles et acceptées par tous, à travers l’amélioration de la situation sécuritaire.
Amadou Yaya Goïta, enseignant et homme politique
Je pense aussi qu’il faut accorder 24 mois aux autorités de la transition afin qu’elles puissent assurer la sécurité des populations, réaliser les réformes politiques et institutionnelles et électorales, l’opérationnalisation de l’autorité indépendante de gestion des élections, l’audit et la consolidation du fichier électoral actualisé et intègre dans l’ensemble des circonscriptions électorales. Il y a aussi l’effectivité du processus de DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion) à travers une application intelligente et pertinente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le redéploiement de l’Administration et des services sociaux de base, le retour du maximum de réfugiés et de déplacés internes, le parachèvement de la réorganisation territoriale pour la détermination des circonscriptions électorales. Il faut penser à tout cela.
Sidiki KONE, résident à Kalabancoura:
Moi je suis très favorable à la proposition de 24 mois des autorités de la Transition comme nouveau délai de la Transition. C’est un délai raisonnable. Je souhaite d’ailleurs qu’ils ajoutent un peu plus à ce délai de 24 mois car ils sont entrain de satisfaire à notre plus grande attente, c’est la solution au problème de terrorisme avec des résultats saillants dans la lutte contre le terrorisme. Je suis farouchement contre la proposition de la CEDEAO car elle est au service de la France pour déstabiliser la Transition.
Diasson MAGASSA, Conseiller Communal à la Mairie de Dioumara Koussata:
Je suis pour une prolongation de la transition de 24 mois. Je pense que ce temps est nécessaire pour pacifier le pays en vue d’une election credible et transparente mais aussi pour mener les reformes politiques et institutionnelles nécessaires.
Demba Sangaré, Coordinateur du Parti FAD kalaban koro:
La conférence des chefs d’État persiste dans l’illégalité. elle aurait pu opposer son délai de 12 mois à la proposition des autorités maliennes du 09 janvier 2022 au lieu d’aller directement aux sanctions.
Faut il le rappeler la cedeao se propose de promouvoir la coopération et l’intégration économiques des peuples or les sanctions produisent l’effet contraire.
Une organisation qui ne respecte ni ses objectifs ni ses textes mérite elle du respect en retour ? La cedeao à opter pour la conflictualité et le chaos. Nos autorités doivent s’assumer.C’est à dire travailler en fonction du délai de 24 mois proposé par le président Assimi Goita car ce délai prend en compte les aspirations de reformes politiques et institutionnelles du peuple malien.
Seybou Coulibaly, Citoyen lambda:
Le Mali a proposé 24 mois comme nouveau délai de la Transition et 12 mois par la CEDEAO.
Ce n’est pas en réalité ça le plus important. Le plus important est comment parvenir à stabiliser notre pays. C’est ça le souhait de tous les maliens. Si cette stabilisation du pays exige qu’on aille à 2 ans, pourquoi pas?
Sinon moi je ne donne même pas d’importance à la proposition de 12 mois de la CEDAO. Ce pays n’appartient pas à la CEDEAO mais plutôt aux maliens. C’est à nous de décider le délai qu’il faut pour nous sortir de cette situation. On ne cédera à aucune pression extérieure. Personne ne souhaite que son pays soit dirigé par un pouvoir de Transition. Mais quand il y a Coup d’Etat qui conduit à un pouvoir de Transition c’est qu’il y a une cause et cette cause d’être prise en compte pour ne pas revenir sur les mêmes choses qui produisent les mêmes effets. Bref je suis favorable pour les 24 mois comme délai de la Transition. Si durant ces 24 mois aussi on arrivera pas résoudre les problèmes on va demander que le délai soit prolongé de nouveau.
Abou BAGAYOGO Citoyen:
Ces autorités de la Transition sont à la tête du pays il y a bientôt 2 ans. Certes elles ont pu faire beaucoup de choses dans la lutte contre le terrorisme mais à part ça rien. Par exemple la vie est de plus en plus. Si elles peuvent trouver une solution à ça je suis d’accord pour leur maintien pour une longue durée. Dans le cadre contraire je les conseille fortement d’organiser les élections dans 6 à 12 mois pour quitter le pouvoir. Sinon à ce rythme, c’est les mêmes personnes qui sont entrain de crier jours et nuits pour qu’ils restent à tenir face à la CEDEAO qui vont les lâcher en premier. Je suis sûr de cela.
Mamadou Keita, Comptable au FAFPA :
Les autorités de la transition doivent préserver l’aspiration au changement. Les deux coups d’Etats d’août 2020 et mai 2021, ont tous été justifier par la volonté de changer les choses. Malgré un bilan jusqu’ici décevant, les autorités de la transition malienne peuvent encore concrétiser l’aspiration au changement et organiser des élections générales transparentes en 2022. Et pour ce faire, un délai de 12 à 16 voire 18 mois est raisonnable. N’oubliez pas que sommes en transition. Elle doit être le plus courte possible.
Amadou Sangaré, menuisier :
Si ça ne tient qu’à moi, je leur donnerai 20 ans, il faut vraiment tourner la page des politiciens. II les faut du temps, minimum 2ans. Les autorités de la transition doivent sauver ce qui peut l’être du projet de transition, notamment en menant une réforme du système électoral qui permettra la tenue d’élections proposant aux citoyens de réelles alternatives. L’incertitude actuelle ne devrait pas empêcher les partenaires étrangers d’œuvrer sur le long terme, afin d’aider l’Etat malien à se reconstruire.
Boua Haidara, Opérateur économique :
On ne peut compter que sur soi. Même 5ans est petit pour notre pays. A Mon humble avis nous devons sortir de la CEDEAO. Ces partenaires internationaux, continuent de privilégier la lutte anti-terroriste plutôt que le soutien aux réformes de gouvernance, ont montré les limites de leur action. Le conseil que j’ai a donné aux nouvelles autorités, est de rassembler les acteurs politiques et de la société civile et lancer des consultations nationales soucieuses d’identifier et dépasser les facteurs de blocages.
Salif Mamadou Diakité Enseignant :
Que la CEDEAO, et l’UEMOA aillent au diable, ou est ce qu’elles étaient quand notre pays a failli disparaitre ? 2,3 ans s’il le faut ! Malgré la présence de milliers de soldats étrangers et la dépendance financière du pays envers les bailleurs, les partenaires internationaux n’ont pas su aider les autorités civiles à poser les bases d’un changement vertueux de la gouvernance au Mali. Beaucoup estimaient que celles-ci n’avaient ni le temps ni la légitimité d’engager de telles réformes de fond.
Je pense bien que nous devons tous aider ces jeunes, car de nouveaux équilibres politiques sont en construction à la tête de l’Etat, mais ils s’annoncent fragiles.
Il reste cependant possible de tirer quelques bénéfices de la période de transition et, avant tout, d’éviter une nouvelle sortie de route. Si les partenaires extérieurs ont leur rôle à jouer, c’est aux forces politiques et sociales maliennes qu’il revient en premier lieu de se ressaisir et de sortir le Mali de la crise sécuritaire et de la dépendance dans lesquelles le pays est enfermé. Les nouvelles autorités maliennes devraient œuvrer à clôturer la transition par des élections transparentes et équitables, permettant surtout aux citoyens d’élire ceux qui proposent de réelles solutions de sortie de crise. Les acteurs maliens et les partenaires internationaux devraient inscrire leurs actions sur le long terme pour remettre la démocratie malienne sur de bons rails et assainir la gouvernance.
Cheick Gueye, électricien :
Les 12, 16, 24, mois quel que soit le délai, nous sommes la CEDEAO, elle est aussi le Mali. Il faut impérativement un compromis de part et d’autre : Pour prévenir une nouvelle sortie de route de la transition, les forces politiques et sociales maliennes et les partenaires internationaux devraient
Poursuivre les efforts entrepris par le précédent président de la transition visant à rassembler davantage les acteurs politiques et de la société civile autour des priorités de la transition. Le choix des réformes à opérer nécessite un large consensus des acteurs maliens pour éviter les blocages préjudiciables à la bonne marche de la transition ;
Continuer de faire pression sur les autorités de transition, et le président Goïta en particulier, qui ont promis une réduction du train de vie de l’Etat et une meilleure gestion des deniers publics, notamment dans les secteurs de la défense et de la sécurité, qui ont été émaillés de scandales financiers ces dernières années.
NB: Les femmes approchées n’ont pas souhaité se prononcer sur le sujet.
La rédaction
Source: Tjikan