EDITO : ASSIMI GOÏTA, TENIR OU PÉRIR

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Assimi Goita, le président de la transition
Assimi Goita, le président de la transition

L’histoire retient que les hommes qui ont marqué leurs époques et même l’histoire n’ont pas vécu assez longtemps, mais ils demeurent éternels grâce aux œuvres qu’ils ont accomplies. C’est le cas du prophète Mohamed Paix et salut sur lui, de Thomas Sankara, de Che Guevara, de John Kennedy, de Johny Rawlings, de Mouammar Kadafi. Assimi Goïta accepter a-t-il d’être un martyr pour son pays ? Cette question a son pesant d’or surtout quand on sait tous les risques qu’il court aujourd’hui.

Pour avoir eu le courage de dire non à la France, ensuite se lancer dans une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, ce fléau qui a longtemps gangréné notre société, mon colonel s’est fait beaucoup d’inimitié, voire d’ennemis, au-dedans comme au dehors. Va-t-il pour autant céder à la pression qui vient de toutes parts ? La réponse est négative et en paraphrasant Thomas Sankara, le Colonel Assimi Goïta doit se considérer comme un cycliste qui grimpe une pente raide, qui a à gauche et à droite des précipices. Il est obligé de pédaler, sinon il va tomber. Assimi n’a plus le choix il doit continuer son œuvre de salubrité, de refondation afin que le Mali Koura tant espéré par le peuple malien soit une réalité. Qu’il sache que tant qu’il ne tergiverse pas, tant qu’il reste droit dans ses bottes face aux injonctions et autres menaces de la communauté internationale, tant qu’il fera de la lutte contre la corruption, la délinquance financière, la gabegie, le clientélisme et surtout l’insécurité, sa priorité, il aura le soutien sans faille de son peuple, qui est prêt au sacrifice ultime pour lui.

Cependant ce soutien du peuple, loin d’être factice, n’est pas non plus définitive, voire éternel, il évolue, dans un sens comme dans l’autre, en fonction des intérêts de ce même peuple. Aujourd’hui le constat est qu’il y a une certaine lassitude dans les dossiers de corruption et de la délinquance financière. La justice est-elle fautive ? Difficile de le croire, car sous nos tropiques la justice est toujours sous la tutelle de l’exécutif. Donc cette lenteur ne saurait s’expliquer. Que le gouvernement sache qu’aucun arrangement contre paiement ou remboursement de ce qui a été dérobé à l’Etat ne saurait absoudre l’acte de vol et surtout les conséquences que les détournements des deniers publics ont engendré. Mon colonel le peuple vous observe et est fier de vous pour avoir lavé cet affront contre la France impérialiste et néocoloniale dont Macron est l’incarnation. Vous avez restitué au malien sa dignité et son honneur longtemps   jetés aux chiens, mais pour combien de temps ? Car l’ennemi qu’est la France, ne s’avoue pas vaincu et il est prêt à faire toutes les manouvres, en complicité avec certains de nos voisins, pour déstabiliser le Mali. Cette campagne a d’ailleurs déjà commencé avec des sanctions ciblées contre des autorités de la transition, telles que l’interdiction de voyager et le gel de leurs avoirs. La preuve de cette campagne de dénigrement c’est également ce communiqué signé par 15 pays européens et américain pour dénoncer la présence de la société paramilitaire russe Wagner. Probablement à partir du mois de janvier 2022 d’autres sanctions sont attendues.  Face à cette pression, Assimi Goïta va-t-il céder ? Quelles seront les alternatives proposées par les autorités pour minimiser les effets dévastateurs des sanctions économiques voire financières.

En définitive, Assimi doit faire sienne cette citation de Thomas Sankara : on peut tuer un homme, mais pas des idées. C’est par d’œuvres qu’il aura bâties et qui feront de lui un immortel. Donc Assimi à l’occasion de se rendre immortel.

Youssouf Sissoko

Source : L’ALTERNANCE

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