Ignoble, aberrant, gravissime ! Les mots manquent pour qualifier l’acte commis par l’officier militaire, Colonel Mamadou Macalou, à notre confrère Elhadji Hamidou Touré. Pour un article publié contre la Commission Vérité Justice Réconciliation (CVJR), cet officier et non moins secrétaire général de cette Commission, a séquestré, battu et menacé de mort le journaliste Touré. C’est donc malheureux de constater, de nos jours, des actions contre des journalistes, dignes de l’époque de la Gestapo. Jamais la liberté de la presse n’a été aussi menacée que sous le régime actuel. Les journalistes sont constamment séquestrés, interpelés devant les tribunaux, dans le but de faire taire le quatrième pouvoir.
Hier, Mardi 04 décembre 2018, le directeur du journal en ligne, Maliactu, Sega Diarrah, était à la barre au tribunal de la Cour d’Appel de Bamako. Et ce, après la comparution du directeur du journal « Le Pays », Boubacar Yalkoué, le jeudi 29 novembre 2018 au tribunal de la commune V du district de Bamako, dans l’affaire des 900 millions FCFA de la Cour constitutionnelle.
Ce procès dont la consignation a été fixée à 500 mille FCFA et qui reprendra le 13 décembre prochain, est le troisième intenté par les institutions de la République à l’encontre des journalistes en une année seulement, si nous nous rappelons du cas de l’Assemblée nationale à l’encontre d’Amy Baba Cissé du journal le Figaro du Mali, celui de la Cour constitutionnelle contre Dramane Aliou Koné de l’Indicateur du Renouveau. Nous ne pouvons pas comprendre qu’ en République du Mali, on traîne encore un journaliste devant les tribunaux, au moment où on veut aller vers la dépénalisation même des délits de presse.
Par ailleurs, que dire de la disparition mystérieuse et incroyable du journaliste Birama Touré depuis janvier 2016 et de l’affaire Ammy Baba Cissé face au président de l’Assemblée nationale, l’affaire du journal « Le Sphinx » contre l’Honorable Karim Keïta et la descente musclée d’hommes armés et encagoulés dans les locaux du journal en ligne MaliActu le 21 Février 2018 pour y enlever trois journalistes ! Il faut ajouter à ce tableau, déjà trop noir, le cas du confrère du journal « Le Repère » Nia Diala Keita, victime d’une intimidation de la Brigade anti criminelle (Bac), le mercredi 28 mars 2018 et l’interpellation par les forces de l’ordre du directeur de publication du site « Croissanceafrique.com », Daouda Bary Koné, suivie d’une garde à vue de trois jours, en plus de la fermeture abusive de la radio Renouveau FM. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Il est donc important et opportun de mettre l’accent sur la menace et les atteintes à la liberté de presse qui continuent dans la plus grande impunité de leurs auteurs et le dernier cas remonte à presqu’un mois, lorsque des hommes en cagoule ont osé prendre d’assaut, le samedi 15 septembre dans la soirée, la radio RFM du doyen Mamadou Diadié Sacko alias Saxe. Ces faits sont une menace grave, voire un danger pour non seulement la liberté, mais aussi pour la démocratie. Une situation non seulement déplorable et regrettable, mais aussi et surtout condamnable. Il faut cependant mettre l’accent sur la récente répression policière du meeting organisé par le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la convergence des forces patriotiques pour sauver la Patrie (COFOP). Les journalistes, malgré qu’ils soient indentifiables à travers les gilets attribués par le ministère de la Sécurité, ont été violentés devant la Bourse du travail.
Que le régime arrête ces dérives intolérables ! Ça suffit !!! Ça suffit !!! Ça suffit !!! Les libertés démocratiques chèrement conquises au prix du sang des martyrs au Mali sont de nature constitutionnelle et ne sauraient être remises en cause par qui que ce soit.
En clair, les journalistes au Mali sont victimes de nombreuses agressions ne leur permettant pas d’exercer librement leur métier. Ces dernières années n’ont pas été faciles pour les hommes de médias. La disparition sur le sol malien de nos confrères français : Ghislain Dupont et Claude Verlon en 2013, la disparation mystérieuse de Birama Touré, sans oublier les violences physiques et verbales perpétrées lors des différents événements, en sont des illustrations. Ça suffit vraiment ! De grâce, laissez-nous travailler !!!
Aliou Touré