Boubou Cissé, Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath, Vital Robert Diop, Souleymane Kansaye, Aguibou Macky Tall, Mahamadou Koné et autres sont inculpés pour complot contre le gouvernement. Leur inculpation par la justice fait suite à l’arrestation par la sécurité d’Etat de certains pour association de malfaiteurs, complot contre le gouvernement, offense en la personne du Chef de l’Etat.
Placés sous mandat de dépôt le 31 décembre 2020, à la prison centrale de Bamako, les sieurs Vital Robert Diop et co-accusés, en détention provisoires, seront définitivement situés sur leur sort le 23 février 2021, mais d’ores et déjà, le mardi 16 février 2021, l’Avocat Général, Aliou Nampé a requis la nullité de la procédure et la levée des mandats de dépôt. Sera-t-il suivi par le procureur le 23 février pour que les personnalités arrêtées puissent recouvrer leur liberté ? Voici toute la question que bon nombre d’observateurs de la scène politique malienne se posent. L’interrogation est légitime surtout quand on sait que la justice n’a pas bonne presse aux yeux de l’opinion. Et pourtant, il est grand temps que le pouvoir judiciaire, maillon essentiel de notre démocratie, se défasse de cette tare qu’il a longtemps portée, à savoir sa dépendance, voir son inféodation au pouvoir exécutif, afin de dire le droit.
L’espoir de voir la justice malienne s’émanciper est tellement mince aujourd’hui qu’à ce rythme ils vont devoir prendre leur mal en patience, avant de voir leur justice prendre de la hauteur. En attendant, les justiciables subiront. L’ironie de l’histoire les auteurs du coup d’Etat s’étaient pour autant engagés à faire de la justice le maillon fort de la gestion démocratique des affaires publiques. Six mois après, c’est la désolation et comme le ridicule ne tue plus dans notre pays, la rupture tant espérée ne serait qu’un mirage et pourtant le 18 Août avait sonné comme une lueur d’espoir et un pas de géant vers un Mali Koura. Mais rien qu’à en juger par les faits et gestes des autorités de la transition, on en conclurait simplement que le temps de la rupture ne semble pas être pour demain, et pourtant nombreux étaient les maliens à fonder de l’espoir de voir s’ouvrir enfin, la voie de la refondation véritable de l’Etat. Lentement, mais surement le Mali se dirige droit dans le mur et beaucoup d’observateurs pensent que le départ de l’ancien président, IBK n’aura pas servi à grand-chose.
L’arrestation de ces personnalités par la sécurité d’Etat et leur séquestration dans ses locaux avant de les mettre à la disposition de la justice, prouvent à suffisance que le Mali est un pays de non droit et il est gouverné aujourd’hui par des amateurs, des inexpérimentés et des assoiffés du pouvoir. En effet, depuis l’avènement du Comité National pour le Salut du Peuple, CNSP au pouvoir, le Mali est dans l’impasse et la rupture tant annoncée est devenue une illusion. Le pays est devenu la risée de tous ses voisins tant il va dans tous les sens et sa gestion est de plus approximative.
La justice qui aurait dû être la dernière digue protectrice des citoyens, n’arrive toujours pas à amorcer son virage indépendantiste, elle s’embourbe tous les jours dans la complaisance avec les autorités politiques, en s’éloignant du bas peuple. C’est pourquoi les citoyens, dans leur grande majorité, n’ont pas confiance en la justice. L’affaire Boubou Cissé et co-inculpés, n’est ni plus ni moins qu’une tentative de réduire en silence des opposants.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept