Edito : De la collusion à la suspicion!

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Elhadj Chahana Takiou
Elhadj Chahana Takiou

Le putsch perpétré le 18 août est, sans nul doute, le résultat d’une collusion entre des officiers et le M5 – RFP.

Ce dernier a tenté de consolider cette complicité le mercredi 26, suite à une rencontre, tenue à Kati, le fief des putschistes.

Le regroupement hétéroclite, dirigé par l’imam Dicko, qui prétend retourner à la mosquée, pendant que le virus de la politique l’a déjà atteint, pousse cette complicité, au point qu’il pense à un transfert de pouvoirs.

Mal lui en a pris parce que ses complices putschistes, regroupés au sein du Comité National pour le Salut du Peuple ( CNSP), ont lancé des signaux défavorables au M5. Il s’agit de la rencontre avortée du samedi 29 août, annoncée pour discuter de la Transition.

Les hommes de l’imam Dicko ont manifesté leur mécontentement. Le plus passionné d’entre eux, Issa Kaou Djim, lui, parle de suspicion, de doute.

Résultat : une rencontre ” urgente” a été organisée entre les deux entités qui ont comploté pour perpétrer le coup d’État, un crime imprescriptible.

Au sortir de cette entrevue, ” des malentendus seraient levés”.

Seulement voilà : les militaires putschistes n’ont pas la même vision que les civils putschistes dans la conduite de la Transition.

Les hommes politiques, alliés de l’imam Dicko, manœuvrent pour envahir les organes de la Transition et se positionnent pour les scrutins devant sanctionner cette période.

De l’autre côté, les officiers, qui ont fait le coup d’État, entendent se mettre à équidistance de la classe politique actuelle. Ils veulent aussi diriger la Transition, malgré les mises en garde de la CEDEAO.

Voilà la différence d’approche fondamentale.

Les M5- RFP, qui se définit comme ” partenaire stratégique”, rejette catégoriquement cette démarche. Ce qui explique les menaces de l’imam Dicko à l’endroit de la junte, samedi dernier au palais de la culture. S’y ajoutent des accusations bidon, selon lesquelles, les putschistes sont conseillés par des gens proches du pouvoir défunt.

Qui ne sait pas qu’un membre influent des nouveaux maitres de Bamako est marié à la fille de Mme Sy Kadiatou Sow, une figure emblématique du M5- RFP ? Qui ne sait pas aussi qu’un autre membre, pas des moindres, est neveu direct du Pr Issa N’Diaye, un philosophe, un intellectuel rigoureux, incorruptible ? Il y a d’autres affinités que nous taisons pour le moment.

C’est pour dire que les putschistes ne peuvent pas avoir meilleurs conseillers que ces deux éminences, entre autres.

Qu’on arrête de distraire le peuple.

L’ancien Premier ministre, Moussa Mara, propose que les militaires et la société civile dirigent la Transition, les politiques doivent attendre les compétitions électorales.

Malheureusement, les politiques du M5- RFP veulent s’accaparer du pouvoir ici et maintenant.

De la collusion pour faire tomber IBK par un putsch réfléchi, planifié, mis en route, par des civils et exécuté par des officiers, les complices ne parlent plus le même langage. La suspicion est bien là. La problématique du partage du pouvoir sème le doute.

Les autres acteurs politiques jouent aux spectateurs, à quelque exception près, notamment l’ASMA de Soumeylou Boubèye Maiga et L’Adema du Pr Tiémogo Sangaré, qui ont fait part de leurs propositions (à lire ci- contre).

En attendant les tiraillements internes, la CEDEAO reste droite dans ses bottes : aucun militaire ne doit diriger les organes de Transition.

Ça piétine ! Ça bloque à Kati ! Le pays est sans gouvernement depuis plusieurs mois.

L’économie est au ralentie. Les sanctions maintenues compliquent la situation.

S’ils se soucient véritablement du pays, les putschistes doivent retourner dans les casernes. Ils ne doivent rien diriger, même s’ils pourraient être tolérés au sein de l’organe qui dirigera la Transition et le futur gouvernement.

Wa Salam!

El Hadj Chahana Takiou

Source : 22 Septembre

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