Adresse à la Nation. Rendez-vous important, indispensable, attendue et raté. Le Mali millénaire et éternel méritait mieux, les Maliens aussi. Déphasé, le Président de la République a fait ce qu’il fait souvent le mieux : du verbiage. Des mots, des mots, encore des mots, une adresse soignée, dans un français châtié dont Racine, Molière ou Hugo apprécieront surement les échos. Mais que dire du Malien ? Celui (Celle) à qui le message est censé être adressé, de qui l’attention se devait d’être captée, de la réponse apportée à ses interrogations.
Le sentiment de ce dernier rime avec déception. Le chef de l’État dit avoir entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages remontant d’un pays dont il ne saurait mésestimer les préoccupations. Vraiment ? En réponse est annoncée la création d’un cadre national de concertation qui se tiendra la semaine prochaine (23 au 28 avril). Représentants des forces politiques et sociales du pays en seront les participants, afin d’évoquer la question du référendum constitutionnel. Est-ce la priorité des Maliens ?
Quand bien même cela le serait, les participants choisis seront-ils représentatifs ? Parleront-ils avec sincérité pour le peuple ? Saurons-nous éviter une conférence d’entente nationale bis, dont les conclusions sont tombées dans l’abime de l’indécision. Cet exercice n’aurait-il pas dû se tenir beaucoup plus tôt ? Être plus inclusif ? Inclure le Malien qui ne milite ni dans un parti, ni dans une association ?
Les leçons sont faites pour être retenues, non ignorées. An tè a bana semble donc dans la seconde catégorie. Pour ce qui est de la crise scolaire, de la sécurité, il faudra repasser. Il n’était pas attendu que le Président règle tous les problèmes d’un coup de baguette magique, nous ne sommes pas à Poudlard. Il serait néanmoins intéressant pour nos dirigeants de descendre de la Tour d’ivoire afin que tous ensemble nous puissions construire une Tour de Babel, pour porter haut ce pays.
Boubacar Sidiki Haidara.