Au Mali, la gestion des terres des communes et du domaine public de l’Etat est scandaleuse. Depuis 1992, une frénétique spéculation foncière, qui confine souvent au brigandage, avec son lot de spoliations et de déguerpissements forcés, à la limite de la légalité, a plongé bien des familles maliennes dans le désarroi.
Des lotissements contraires à toutes les normes modernes d’urbanisation (absence d’espaces verts, « poumons de la ville » et d’espaces de regroupements populaires, etc.), a défiguré Bamako et expulsé les enfants et les jeunes du paysage urbain (absence d’aires de jeu et de terrains sportifs), sans pour autant améliorer la qualité du cadre de vie ! Animée par ses propres professionnels qui sont tout autant des professionnels de la corruption, cette spéculation foncière échevelée concerne toutes les Mairies du district de Bamako et son Gouvernorat, le cercle et la mairie de Kati, sous l’œil impassible des ministères chargés des Affaires foncières et de l’Administration territoriale.
Elle irrigue à gros bouillons d’argent sale, les canaux du blanchissement d’argent que sont devenus la construction civile et les BTP. Pour être complet, nous devrions visiter tous les postes de commandement, en particulier les gouvernorats de région, les mairies et tout autre centre du pouvoir décentralisé. Les méthodes et les tactiques peuvent différer, mais l’honorabilité donnée à la corruption par la société malienne, pour son propre malheur, nous amène à concevoir que tout centre de pouvoir au Mali est un siège potentiel pour la corruption institutionnelle qui a fait exploser la structure des salaires qui ne correspond plus à rien. Elle a fait bien de mauvais exemples.
Elle a donné des envies. Elle a donné des justifications aux malhonnêtes gens et découragé les honnêtes personnes. Elle est en train de tuer le Mali. Maintenant, c’est la course à la place politique, y compris grâce à la détention de faux diplômes qui se sont multipliés comme les falsifications de tous les documents officiels maliens. De nombreux enseignants, las d’attendre les logements gratuits, se cherchent de l’argent en donnant des cours particuliers à leurs propres élèves et en entretenant des relations sexuelles avec les filles qui ne peuvent pas payer en espèces.
Bien entendu, tout cela serait difficilement arrivé si les éducateurs, les leaders d’opinion faisaient leur travail préventif de formation et d’éducation. Cela ne sera pas arrivé si les magistrats épaulaient ce travail d’éducation et de formation en appliquant la loi contre les professionnels de la corruption. Hélas, nous devons reconnaître que les éducateurs, les leaders d’opinion avec à leur tête les partis politiques, les magistrats sont devenus les compagnons de route, les bénéficiaires et les protecteurs des professionnels de la corruption institutionnelle.
De ce qui précède, toute mesure efficace de lutte contre la corruption au Mali doit viser, en premier lieu, à détruire le triangle vicieux constitué par les professionnels de la corruption, les partis politiques et les familles maliennes.
Aliou Touré
Source : Le Démocrate