Edito : Et si nous mettions le sauvetage de la Patrie au-dessus de tout !

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Aliou Toure
Aliou Toure

Mon pays, le Mali. Jadis un grand pays millénaire qui fut quand beaucoup n’étaient pas, traverse les moments les plus difficiles de son histoire. Son existence même est menacée. Face cette dégénérescence de l’Etat où chaque Malien est quelque part responsable, nous devons retrouver la conscience et la consistance patriotiques pour trancher vif l’imbroglio politico-sécuritaire qui menace la survie de la PATRIE.

 

En effet, ce n’est pas dans l’hypocrisie et la singerie démocratiques que nous arrêterons la descente aux enfers que connait actuellement le Mali au su et au vu du monde entier. Pour cela, changeons de paradigme, pour mettre le sauvetage de la patrie au-dessus de tout, notamment en puisant notre inspiration dans nos sources, nos valeurs de dialogue. « Les peuples portent leur délivrance dans leurs mains et leurs destinées dans leur volonté ». Il nous faut savoir et pouvoir mettre entre parenthèses la tragi-comédie électorale entre milliardaires, en faisant place à une transition de mobilisation nationale, la meilleure voie pour sauver le pays de la partition et du développement exponentiel de la misère.

Une concertation nationale souveraine ! Voilà donc ce qu’il nous faut car elle permettra, entre autres, de clarifier une vision de sortie de la crise multidimensionnelle, avec ses valeurs et missions spécifiques ; de préciser les moyens et conditions de rétablissement de l’intégrité territoriale et de la sécurité ; de s’entendre sur les grandes lignes d’une politique de satisfaction des besoins basiques de la population. Une telle démarche est le préalable pour que cette population qui a tout donné au pays, depuis l’indépendance, accepte de nouveaux sacrifices.

Les sacrifices indispensables à la construction nationale ne sont acceptables que lorsqu’ils sont partagés par tous. Le train de vie des institutions nationales est une insulte à l’honneur et à la dignité de notre peuple. De ce fait, il faudra reprendre en main l’administration publique chargée de la mise en œuvre de la politique de développement du pays. De 1960 à 2018, les travailleurs maliens n’ont jamais été mis dans les conditions décentes. C’est donc un véritable terreau fertile à la corruption et l’impunité. Et voguent les dérives !

Les pratiques de corruption et d’impunité de l’Etat malien ressemblent à celles de fin de règne de l’Empire Ottoman « qui au lieu de générer des richesses à l’intérieur, promouvoir l’investissement productif, cédèrent à la force de l’habitude et s’efforcèrent de piller leur propre domaine, de tondre leurs propres sujets ».

Il n’y a pas de pays sans corruption, mais c’est la sanction de la faute et la récompense du mérite qui peuvent la limiter dans des proportions qui ne mettent pas en cause le bon fonctionnement des institutions et de la société. Il faudra donc rétablir l’équité, sans laquelle la justice sera à double vitesse pour ne devenir qu’un instrument d’oppression entre les mains des possédants (riches et tenants du pouvoir). Il faut aussi repenser nos institutions et nos pratiques de gouvernance à la lumière de ce qui a été vécu. Par exemple, un élu qui n’a pas pu passer le cap du premier cycle de l’école fondamentale peut payer 15 médecins de la Fonction publique, recrutés avec un savoir-faire reconnu, après avoir usé leur fond de pantalon sur les bancs de l’université.

Les avantages octroyés au président de la République et aux membres du gouvernement sont disproportionnés par rapport aux traitements des travailleurs maliens. Il faut donc rétablir la démocratie par le respect des normes d’acquisition du pouvoir d’une part, mais aussi et surtout par l’application effective des engagements qui ont motivé le vote majoritaire du peuple car les politiciens maliens s’appauvrissent en promettant tout au peuple et s’enrichissent en ne tenant pas leurs promesses de campagne.

Le concept de Démocratie me fait penser à la réponse du griot du roi de Ségou Dah Monzon Diarra, à la question : qu’est-ce que le pouvoir ? Le griot répondit : « FAMA, que tu fasses ce qui a été convenu de commun accord avec le peuple ». En dehors d’une telle pratique, toute gouvernance n’est que dictatoriale, tricherie, etc. Il y a un divorce total entre la théorie et la pratique dans le fonctionnement de l’Etat malien. Si nous ne prenons garde, cela peut conduire au pire dans un pays déjà en guerre. La situation est grave et très inquiétante. Unissons-nous et mettons la patrie au-dessus de nos tubes digestifs pour sauver notre pays, le Mali, qui nous lie et qui est notre bien commun.

Aliou Touré

SourceLe Démocrate

 

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