Depuis la mise en place des sanctions, il se trouve que la Russie reçoit plus d’argent de la part des Européens. Eux sont contraints de relancer le charbon, plus polluants, faute de gaz russe.
61 milliards 996 millions d’euros, c’est ce que les Européens ont payé à la Russie en hydrocarbures depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, le 24 février dernier. C’était le chiffre à 6 h 15 ce matin, car ce montant augmente de 4.000 euros environ chaque seconde. Il s’agit pour moitié de gaz, pour moitié de pétrole, et encore, il ne s’agit que des achats du vieux continent.
Si l’on recense tous les achats faits à la Russie, on approche des 100 milliards sur quatre mois. C’est un décompte établi par un institut basé en Finlande, le Centre pour la recherche sur l’énergie et l’air pur. Cela représente une somme considérable, d’autant plus énorme que c’est bien davantage que ce que la Russie a perçu l’année dernière à la même période, avant le déclenchement de la guerre.
La Russie reçoit donc plus d’argent depuis les sanctions. En réalité, les quantités achetées ont diminué, mais comme les prix ont explosé, la valeur de la marchandise est supérieure, malgré les rabais que la Russie consent sur le marché international. Les sanctions ont en fait amélioré les recettes d’hydrocarbures du pays. Sur la période, l’Allemagne par exemple a payé plus de 12 milliards à Moscou, soit autant que la Chine. La France elle, moins dépendante, a déboursé 4 milliards 300 millions.
Les sanctions ont-elles un effet dissuasif ?
Les sanctions et restrictions ne pénalisent pas celui qu’on désigne comme la cible, mais elles nous pénalisent nous, consommateurs européens, qui payons notre énergie bien plus chère. C’est l’arroseur arrosé, le sanctionneur sanctionné, sans compter les effets environnementaux de tout cela.
Toute l’Europe se remet au charbon, beaucoup plus polluant que le gaz, pour produire de l’électricité, afin de compenser les livraisons amoindries de la Russie. Avant-hier, les Pays-Bas annonçaient qu’ils allaient augmenter les capacités de production de leurs centrales à charbon, jusqu’ici limitées à 35%, jusqu’en 2024 au moins. La veille, c’était l’Allemagne qui faisait la même déclaration. L’avant-veille, l’Autriche les avait précédées de quelques heures.
À la fin mai, c’était le Royaume-Uni qui repoussait la fermeture de ses trois centrales, programmée pour l’automne. La Bulgarie et l’Italie avaient ouvert le mouvement. La France elle-même envisage de redémarrer la centrale de Saint-Avold, en Moselle, fermée depuis le 31 mars. Quant à celle de Cordemais, en Loire-Atlantique, elle reprendra du service en octobre.
Selon l’Ademe, l’agence pour la maîtrise de l’énergie, pour un kilowatt produit à partir du charbon, on émet 1060 grammes de CO2. Avec le gaz, cela ne représente que 418 grammes, soit deux fois et demie en moins. Avec cette politique de limitations d’achat de l’énergie russe, c’est le carton plein : on remplit d’euros les coffres de Poutine, et on remplit l’atmosphère de carbone. C’est ce qu’on pourrait appeler des sanctions boomerang : retour à l’envoyeur.
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