Huit mois après la chute du régime IBK, la Transition est en marche mais de façon trébuchante et non inclusive. Le Conseil National du Salut du Peuple (CNSP) qui a pris les rênes de l’Etat, le 18 août 2020, est certes officiellement dissout. Mais ce sont ses figures de proue qui détiennent actuellement la réalité du pouvoir transitionnel. Dont la majorité des acteurs sociopolitiques maliens considèrent comme militaire. Tant les postes clefs des organes de la Transition ne sont détenus que par les colonels putschistes et leurs courtisans civils.
Des courtisans civils qui ne cessent d’inciter leurs mentors militaires à faire prolonger la durée de la Transition ou à faire présenter un des leurs à la prochaine présidentielle. Et à chaque occasion qui se crée, ces courtisans ne manquent pas de louer les mentors militaires ou d’inciter le « colonelissime » Assimi Goïta, vice-président de la Transition mais véritable Homme fort, à se porter candidat à la prochaine présidentielle. Sans que celui-ci ne pipe curieusement mot. Et vive la débauche politique des courtisans !
Lors de la conférence de presse qu’il a tenue, le samedi dernier sur son ’île fluviale de Djataland située sur le fleuve Niger, Salif Keita, en sa qualité de membre du Conseil national de la Transition (CNT), a réitéré sa confiance aveugle aux militaires pour la gestion de la transition. Il affirme que les militaires sont de bons gestionnaires des affaires publiques. Et fustige l’ensemble de la classe politique, notamment les acteurs de mars 1991 et du M5-RFP. D’après l’artiste et le désormais Homme politique : «C’est Dicko et le M5 qui ont mis le pays à genou ». Mais cette accusation n’est-elle pas très étrange, lorsque l’on sait que c’est ce même monsieur qui était, il n’y a pas si longtemps, avec armes et bagages aux côtés du M5-RFP pour dénoncer le régime défunt d’IBK ?
Ce genre de débauche politique, dont l’enfant de Badougou Djoliba est en train de se prêter volontiers, se retrouve aussi chez Issa Kao Djim, cet autre membre du CNT. Ainsi, lors des festivités de la Journée internationale de la femme, il y a plus d’une semaine, le coordinateur déchu de la CMAS avait affiché la même confiance aux militaires. Opportuniste et bouffon politique qu’il est, Kaou Djim a profité de la plateforme politique dénommée « Appel Citoyen pour la Réussite de la Transition (ARCT) », dont il est lui-même l’initiateur et l’investigateur, pour annoncer bruyamment la candidature du vice-président de la Transition, colonel Assimi Goïta, à la présidentielle prochaine.
Toutefois, une telle démarche politique est jugée inconvenable pour le Conseil Supérieur de la Diaspora du Mali (CSDM), membre du M5-RFP, et l’ensemble des acteurs sociopolitiques classiques maliens qui la réfutent. Pour la simple raison qu’elle est en porte-à-faux avec la Charte de la Transition. Qui stipule dans son article 9 que : « Le Président et le vice-président de la Transition ne sont pas éligibles aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la transition ». Une clause dont le pervers politique en est bien conscient mais tout en continuant de soutenir mordicus que : « s’il le fallait, on modifiera la Charte de la transition, afin de permettre au colonel Assimi Goïta d’être candidat et de remporter la prochaine élection présidentielle ». Kaou Djim serait-il alors le porte-parole de l’Homme Fort de la Transition ?
Une chose est en tout cas certaine, cet opportuniste politique qu’est Kaou Djim tout comme l’artiste-vedette Salif Keïta, mais désormais piètre Homme politique, n’œuvrent pas du tout pour la stabilité de la Transition malienne. D’autant que leurs faits et gestes, au lieu de l’apaiser, ne font que davantage radicaliser la position des vrais acteurs sociopolitiques de notre pays. Alors si Kaou Djim n’est pas commis par colonel Hassimi Goïta, celui-ci et l’ensemble des Autorités de la Transition doivent illico presto mettre fin aux soupçons, en prenant des mesures drastiques pour faire halte à la débauche politique des courtisans du pouvoir transitionnel. Une situation qui n’a que trop duré !
Gaoussou Madani Traoré, DirPub
Source : Le Pélican