Rien ne va plus entre les ex alliés, Ibrahim Boubacar Keita et le guide des Hamallistes, Cherif de Nioro du sahel. Bouyé Haidara a aidé IBK, en 2013, à gravir les marches jusqu’à la colline du pouvoir, au prix des engagements et des promesses. Qui ne se souvient pas du supplice que le Chérif a fait subir à beaucoup de candidats à la présidentielle de 2013, partis à Nioro pour battre campagne, à l’exception d’IBK ?
Dramane Dembélé, le candidat de l’ADEMA, se souviendra longtemps des actes de sabotages des talibés du Chérif lors de son meeting à la place publique de Nioro, et cela pour que la victoire d’IBK ne souffre d’aucune contestation possible. Que dire des consignes données dans toutes les Zawiya et même dans la plupart des mosquées sous influence de l’Imam Dicko ? Ils ont mouillé le boubou pour qu’en contrepartie leurs désidératas puissent être satisfaits.
Le candidat IBK est devenu Président de la République et a été investi le 4 septembre 2013. Une fois au pouvoir les promesses, qui avaient tout l’air d’une compromission, sont devenues, du coup, intenables. IBK, à l’épreuve du pouvoir, semble arriver à la conclusion qu’aucun démocrate et républicain ne pourrait satisfaire toutes ses promesses électoralistes. Un an seulement a suffi pour qu’il y ait divorce entre les deux amis.
Depuis lors, ils se regardent en chiens de faïence. Toutes les tentatives de réconciliation ont été infructueuses, et à la fin du premier mandat, le Chérif, pour montrer son désaccord, s’est battu pour empêcher IBK de renouveler son bail avec le peuple ; mais en vain. Il a été proclamé vainqueur par les institutions habilités à le faire et sa victoire a été approuvé par la communauté internationale. Une victoire contestée par une partie de l’opposition et le Chérif de Nioro.
C’est ainsi que commença les mouvements de protestation et le Chérif, via ses disciples, a pris part à toutes les manifestations. Sans relâche, il dit même se battre contre le régime IBK jusqu’à la fin du mandat. Liant ainsi l’acte à la parole ; toutes les occasions lui semblent opportunes pour en découdre avec le Président de la République.
Ainsi, à la faveur d’un projet, appelé Education Sexuelle Complète, ESC, initié par le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maiga, lequel projet, selon ses détracteurs, jure avec les mœurs et les religions, Bouyé a eu un autre prétexte pour fourbir son arme et la diriger contre son ex-ami IBK.
Il est aidé dans ce combat par l’imam Dicko, un autre blasé du régime actuel. Malgré le retrait par le Gouvernement du controversé projet, Bouyé et Dicko n’ont pas baissé la garde. Ils ont convié leurs partisans à un grand meeting, au Stade du 26 Mars, le 10 février, avant d’exiger du Président de la République le limogeage de son Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Dicko et Bouyé ont mis à prix la tête de Boubèye, et cette revendication leur tient tellement à cœur qu’ils ont réitéré leur requête, via leurs mouvements de soutien, lors d’une conférence de presse. Pour les deux ennemis jurés d’IBK, la doléance relative au départ de SBM n’est pas négociable. En attendant d’avoir gain de cause, le Chérif de Nioro, pour affaiblir davantage le régime, s’est lancé dans une campagne de déballage sur les médias.
Si nous reconnaissons que nul ne peut leur contester le droit de demander le départ du Premier Ministre, au nom de la démocratie et de la liberté d’expression, il faudrait aussi dire qu’IBK n’est pas obligé de céder à leur pression, surtout quand ils profèrent des menaces. A analyser de près, on serait tenté de dire que Soumeylou Boubèye Maiga n’est qu’une victime collatérale et que la cible recherchée n’est personne d’autre qu’IBK. Comme pour dire, qu’entre l’amour et la haine, il n y a qu’un petit pas.
Youssouf Sissoko