Cela fait plus de deux semaines que, contraint à la démission par le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), le président IBK a dissout l’Assemblé Nationale et le Gouvernement. Depuis le 24 août, le CNSP s’est doté d’un Acte Fondamental pour prendre les rênes de l’Etat. Il estime pouvoir combler ce vide constitutionnel. De facto, c’est le CNSP qui dirige à la fois l’organe législatif et exécutif de notre pays. Et au regard de son Acte fondamental, c’est aussi son président, le Colonel Assimi Goïta, qui fait office de nouveau Chef d’Etat.
Toutefois, le Mali doit instamment évoluer dans un système de Transition (exigences : nationale, sous-régionale et internationale) au sein duquel toutes les sensibilités sociopolitiques devront être représentées. Mais d’ores et déjà, il existe un problème majeur de leadership entre les deux principales entités organisationnelles qui ont contribué à la chute de l’ancienne gouvernance.
Le M5, considérant qu’il est à la base du changement de gouvernance, les militaires n’ayant fait que parachever leur œuvre, estime avoir le même poids que le CNSP dans les modalités de création et de fonctionnement de la Transition. D’où son refus d’être spolié de son rang de co-acteurs du changement. Une divergence est d’ailleurs apparue entre les deux parties. Notamment à propos des échanges sur l’organisation de la concertation sur la Transition que le CNSP a unilatéralement convoquée, le samedi 29 août, sans nommer le M5-RFP. Cela provoqua naturellement l’ire du M5-RFP.
Toutefois après une rencontre nocturne le même jour, les deux parties seraient finalement parvenues à raccorder leurs violons. Et comptent même aller en tandem pour l’organisation et la diligence de cette Transition. Au cas où cela s’avérait, elles en deviendront de facto les principaux maîtres d’œuvre. Et les autres acteurs sociopolitiques ? Quel rôle joueront-ils dans cette future Transition? De simples participants ?
De toute façon, ils sont eux aussi en train d’affûter leurs plans en vue de participer pleinement à cette Transition. Or avec le départ d’IBK, il n’existe concrètement ni majorité ni opposition. Nous sommes désormais en face des détenteurs de légitimité populaire incarnée par le couple M5-CNSP et des « vaincus ». Pourtant l’ex majorité présidentielle, bien que reléguée de facto à un statut quelconque, compte néanmoins avoir sa (petite) place pour tirer son épingle du jeu. Ainsi les anciens partis qui soutenaient le président déchu, plaident en faveur d’une représentation inclusive et équitable entre les différents acteurs sociopolitiques du pays pour organiser et mener la Transition. Un pari certainement difficile !
Avant la chute du régime IBK, les partis dits de la majorité présidentielle étaient les détenteurs absolus des pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire voire militaire de ce pays. Or, il est une est évidence que c’est leur mauvaise gouvernance qui est la base du changement de régime. Alors, même si on est dans un cadre démocratique, la real politik leur enlève tout droit d’être au même pied d’égalité que ceux qui les ont « vaincus » à travers leur légitimité. Quoiqu’ils fassent, les acteurs de l’ex majorité politique devront se résigner à accompagner avec humilité cette Transition. En politique, ce sont bien les rapports de force qui commandent !
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Pélican