Après avoir filé le parfait amour avec le Président IBK, voici venue l’heure du désamour où l’Imam DICKO se range, manifestement sans embarras, dans le camp de l’antisystème. Cela, comme il en a fait l’aveu, parce qu’IBK lui a ôté le pain des (700) millions de la Mission de bons offices de la bouche.
Aux lamentations sur une diète aussi brutale qu’impromptue ont succédé les ruades dans les brancards, le chantage à tout crin, les anathèmes. C’est clair, le Guide a perdu la foi (‘’le Seigneur pourvoira’’ ne semble plus faire partie de son credo), il part en vrille et sur le point de sombrer dans la déchéance irréversible. Le drame, c’est de vouloir précipiter le Mali dans son précipice d’aujourd’hui et de demain. Parce qu’il est dit : ‘’l’être humain n’a pas de pire récipient à remplir que son ventre. Il suffit au fils d’Adam de quelques bouchées pour rester debout, mais s’il doit le remplir, que ce soit pour un tiers en mangeant, pour un tiers en buvant, et qu’il en laisse un tiers pour respirer’’. (Rapporté par Ahmad, at-Tirmidhi, an-Nasaï, et Ibn Majah).
Décidément en verve et en veine de détermination, par un talent oratoire à faire pâlir les maîtres de la rhétorique, il amalgame outrancièrement la crise au Centre avec une attaque contre l’Islam : « mais, on nous pousse les uns contre les autres, et on nous parle de l’islam. Ce n’est pas une question peule, c’est une attaque contre l’Islam ». Il maîtrise toutes les nuances de la langue. Aucun mot n’est placé de travers. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il déplace le débat en substituant à une question sécuritaire une croisade contre une religion. Ce, sachant que la religion suscite les passions les plus vives et peut mener à tous les excès, y compris un embrasement général du Mali où la proportion de musulmans est dominante. Avec des esprits rompus à l’instrumentalisation des foules, des talents propres à endormir les oreilles non averties.
Il faut alors lui opposer ses propres propos : « ceux qui prennent les armes au nom de l’islam (à s’y méprendre, c’est de cela qu’il s’agit dès lors que ses exigences sont ponctuées de menaces de représailles) doivent nous laisser en paix ».
Il faut aussi lui opposer qu’il n’y aura pas de République de Mollahs au Mali ; de gens avides de pouvoir et de gain matériel facile (Dieu a dit : ‘’tu gagneras ton pain à la sueur de ton front’’) embusqués dans la religion.
Les Maliens ont eu une expérience très amère de ce que pourrait être une telle République après ce qu’ont infligé aux populations des régions du Nord, en 2012, des psychopathes : lapidations, amputations, flagellations, contraintes diverses en violation des préceptes (‘’nulle contrainte en la religion’’)…
BERTIN DAKOUO