Ainsi, tous ceux qui ne partageraient pas la vision politique des autorités de la transition, sont des « apatrides ». Une vision politique à sens unique qu’on veut imposer aux Maliens à l’absence de tout argumentaire qui tient la route. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias, on entend traiter d’apatrides, les personnes qui appellent au respect des engagements par les autorités de la transition.
Ceux et celles qui demandent aussi de faire attention à ne pas glisser dans une diplomatie internationale qui isolera le Mali, sont traités d’apatrides ; de gens qui n’aiment pas leur pays. Nous disons que ce jeu de mots est dangereux pour l’unité de notre pays car, le patriotisme ne se décrète pas. Il se vit par le comportement, l’attitude. Si la notion de patriotisme que nous découvrons subitement sous la deuxième transition, était une valeur ancrée dans la « majorité des Maliens » qui est aujourd’hui au pouvoir, le Mali n’allait pas se retrouver là où il est aujourd’hui. Si l’idée était d’avoir une vision politique unique, pourquoi avoir combattu le régime de Moussa Traoré ? Le pouvoir démocratique est divisé entre une majorité qui dirige et une opposition qui défend son idéologie. Traiter ceux et celles qui sont opposés à la majorité qui dirige d’apatrides, est un recul dangereux et un précédent fâcheux pour la suite de notre démocratie.
Encore qu’aujourd’hui, il n’y a pas de « Majorité » qui dirige car, le pouvoir actuel est issu des armes et de la rue et n’a pas la légitimité populaire que confèrent les urnes dans le système démocratique. Alors, que chacun mette de l’eau dans son vin et ne pas se laisser emporter par les émotions générées par les circonstances actuelles qui sont passagères. Certaines personnes, quand elles accèdent au pouvoir, se croient intouchables et n’imaginent pas un jour descendre du piédestal. Les Maliens se sont battus pour l’avènement de la démocratie pour une pluralité dans le débat politique ; plus de liberté dans l’expression et le choix de son opinion ; de sa conviction. Ne pas partager le point de vue de l’autre, ne signifie pas être meilleur que lui ; ne signifie pas que l’autre ne mérite d’être citoyen dans la nation au même titre que vous. Les autorités de la transition doivent appeler dès à présent à circonscrire ce genre d’analyse ; de vision qui créé la haine et la division entre les fils et filles d’un même pays. Les clivages renforcent la division et la division est un terrain fertile pour la guerre civile. Il faut vite couper le mal à la racine.
El hadj Tiémoko Traoré
Source : Le Pouce