Le vent de contestation contre le régime qui souffle au Mali depuis quelques semaines a mis en alerte le monde entier. De l’intérieur comme de l’extérieur, les amis du Mali, tous les individus épris de paix, se sont activés pour éviter au Mali le pire. Le Pays traverse des difficultés majeures face auxquelles, malgré la présence des forces étrangères, le pouvoir a du mal à trouver un remède. S’il faut en rajouter, en plus de l’insécurité, cette tension sociale, il ne restera plus rien du Mali.
Tout le monde est unanime que ça ne va depuis plus d’une décennie. Les choses vont de mal en pis. Les contestations sociales afin de dénoncer les maux qui minent la Nation, il y en a eu plusieurs.
La lutte contre la révision constitutionnelle qui était marquée sur le tableau comme le plus grand rassemblement sous l’ère IBK vient d’être détrônée par le M5 RFP. Cette fois-ci, les manifestants veulent la tête du Président de la République. Ils exigent sa démission. Pour cela, la force étant primée comme l’alternative rationnelle, au départ, pour atteindre l’objectif, les leaders ont fini par ranger cette posture suite à la sortie de Mahmoud Dicko pour rectifier le tir mais aussi des leaders maliens ; des personnalités étrangères et les organisations sous régionales, africaines et internationales.
Ce qui se trame, ils veulent cette fois-ci pousser de manière pacifique le président à la démission. La stratégie, pacifique soit elle, elle est rejetée par les partenaires du Mali. Pour sortir de l’impasse, il est demandé aux M5 de privilégier le dialogue. Ses leaders y refusent et lors de leur dernière manifestation, la déclaration commune soutient le chaos. Appeler de milliers de gens à se rendre au palais pour rendre la démission à un Président n’est assimilable qu’au coup de force. Ce jour, le Mali a été sauvé grâce à la clairvoyance de Mahmoud Dicko. Une démarche hypocrite qui traduit leur volonté de trahir le symbole, l’Imam Dicko, de cette révolution.
Dans cette foulée, les partenaires du Mali ont rencontré les leaders du mouvement. Ils ont fait des propositions de sortie de crise. Leur position est claire. Tout est discutable sauf la démission du président de la République.
Cela est une victoire, à mon sens, pour le M5. Mais ce qui est regrettable, c’est de voir jusqu’à présent des responsables de ce mouvement s’agripper à cette question de démission du président. Cela dénote le désordre en leur sein. Qu’ils n’épargnent pas cette hypothèse à cause des autres, mais du moment où ils savent la position de la personne morale de leur lutte, l’Imam Dicko, par principe, ils devraient réajuster leur stratégie.
Cette position radicale n’est pas du tout une bonne image pour le M5 qui au regard des observations des partenaires internationaux est assimilable à un putsch contre un Président démocratiquement élu. Qu’est-ce que le Mali seul peut faire pour sortir de cette crise sans l’aide de ces partenaires ? Le M5 doit y réfléchir !
Il est bon de savoir que le M5 est un mouvement homogène. Plusieurs acteurs membres ne sont pas crédibles aux yeux des observateurs avertis. Principalement les politiques. Ils ont été avec IBK et certains sont toujours avec lui. Pour preuve, les arrangements politiques effectués lors des législatives et la mise en place du bureau de l’assemblée nationale. Cela dénote qu’ils ne se battent pas pour le peuple, mais leurs propres intérêts. Ils changent de toges au gré des circonstances. Regard rétrospectif : le cas de AN TE A BANNA doit servir de leçon.
La radicalité du M5 a plongé le pays dans une paralysie totale. Et pendant ce temps mort, vu leur refus de tout dialogue pour décrisper la situation, le régime est en train de se mettre petit à petit sur pied. Il a adopté deux démarches : le dialogue piloté par des responsables des partis de la majorité présidentielle ; des actions pour soutenir les institutions initiées par la jeunesse de la majorité regroupée au sein de la Convergence des Forces Républicaines (CFR). Cette dernière envisage une mobilisation ce samedi en soutien aux institutions.
Ce qu’il faut retenir, le régime déstabilisé au départ est en train de se reconstituer. Au regard de leur détermination, le M5 a en face de lui maintenant deux opposants (leaders du régime et partenaires internationaux) face à son objectif principal : le départ d’IBK. Et à cause de sa mauvaise stratégie, le régime est en passe de passer de responsable de la situation d’insécurité qui prévaut en une victime.
Alors aux leaders du M5 de revoir vite leur démarche. Sinon, ils risqueront de sortir main vide de cette lutte car ils n’auront pas la démission d’IBK ; il est aussi possible qu’ils ratent la proposition unanimement partagée par les partenaires du Mali, car le pays ne peut pas rester comme ça. A savoir, la dissolution de la cour constitutionnelle ; l’organisation d’élections partielles dans les zones fortement contestées et la mise en place d’un gouvernement de large ouverture.
Boubacar Yalkoué
Source : Le Pays