Edito : Le Mali est-il réellement gouverné ?

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A la grande insécurité généralisée se sont greffés un incivisme inexcusable et une anarchie indescriptible, dans une corruption à ciel ouvert au Mali. Le hic est que toutes  ces pratiques se passent au nez et à la barbe du Président de la République sans piper mot, alors qu’il est le premier magistrat, le garant de l’unité, de la cohésion sociale, et du respect des lois. Le pays est-il réellement gouverné ?

On peut bien répondre par la négative, quand on sait que les signes qui doivent attester de la gouvernance, même passable ou  médiocre d’un pays, font cruellement défaut au Mali. Pour preuves, de l’avènement d’IBK en 2013 jusqu’à nos jours, l’autorité de l’Etat a rarement été respectée. Les manifestations sans la moindre observation des principes qui régissent le droit de manifester sont les preuves de manque d’autorité et de l’incivisme grave. Ces manifestations sont généralement suivies par des actes de vandalisme et même souvent de mort d’hommes et les auteurs de ces actes odieux ont rarement subi la rigueur de la loi.

C’est fort de cette malheureuse expérience et des multiples crises qui ont pignon sur rue au Mali que les nombreux électeurs d’IBK, pris de court par leur champion,  s’interrogent et à juste raison sur sa capacité à sortir le pays de cette chienlit généralisée. Ils disent aujourd’hui  ne pas comprendre comment celui qui a été préféré à ses concurrents en 2013 parce qu’il passait pour être cet homme de rigueur, de parole d’où l’appellation Kankélintigui, puisse  accepter sans broncher que la loi soit violée et que l’impunité soit la marque déposée de son régime.  Déçus, certains électeurs et partisans du Président de la République ont tenté de rectifier le tir en 2018 en se mobilisant pour lui barrer la route afin qu’il ne fasse pas un second mandat, qui, à leurs yeux, serait synonyme de chaos. Nous y sommes malheureusement, il a son second mandat et le Mali est toujours à la case départ.

Qu’est ce qui a pu se passer entre le temps qu’IBK a fait à la Primature sous Alpha Oumar Konaré, où il avait fait preuve de rigueur et même d’austérité et son élection à la Magistrature suprême, où il passe aujourd’hui pour cet homme fragile, et sans réel pouvoir ? Les raisons de ce changement sont à chercher dans le choix des hommes qui l’entourent. En effet, la première grosse erreur du nouveau Président de la République fraichement élu en 2013 a été de se faire entourer par ses parents et ses amis. Surtout en leur confiant des postes stratégiques de notre pays.

La seconde raison du manque d’autorité du chef de l’Etat est sa propension à avoir la main sur toutes les affaires de la République, affaiblissant les autres institutions surtout judiciaires. La troisième raison de l’effritement de l’autorité de l’Etat est le manque de sanction en cas de fautes commises, ce qui a laissé la voie libre aux délinquants financiers et autres corrupteurs et corrompus de s’adjuger tous les droits  au détriment des paisibles citoyens.  Ces derniers, à force d’observer, ont fini par  prendre leur destin en mains, car n’ayant plus confiance aux autorités, pour revendiquer leurs droits, souvent en violation de la loi.

Dos au mur, assailli de toutes parts, le Président de la République essaie de reprendre la main en livrant à la justice certains  malfrats financiers. Quelques gros poissons ont été arrêtés, d’autres sont sur le qui-vive attendant leur tour.  Certains pensent que  tard vaut mieux que jamais et lui demandent de persévérer dans cette voie afin de redresser son image et celle du Mali, ternie par les différents scandales.  Pour d’autres, c’est peine perdue, car le mal est tellement profond et complexe que le Président de la République n’aurait pas les ressources nécessaires pour sévir contre les voleurs de la République, surtout quand ça concerne les proches parents.

Youssouf Sissoko 

Source : Inf@sept

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