Edito : Le PM en déphasage avec les « gages » obtenus par Macron

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Elhadj Chahana Takiou
Elhadj Chahana Takiou
Le Premier ministre (PM), Moctar Ouane, a présenté dans l’après-midi du vendredi 19 février, le Programme d’actions du gouvernement de la transition.

Un programme de 29 pages, très ambitieux, comportant 6 axes (voir papier ci- contre). Selon le Chef du gouvernement, ils sont déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs.

Voilà résumée l’intervention de Moctar Ouane.

Nous allons nous intéresser à l’axe premier relatif au renforcement de la Sécurité sur l’ensemble du territoire national.  La déclinaison de celui-ci conduira à la diligente relecture de l’Accord issu du processus d’Alger. Conformément au Dialogue national inclusif (DNI), le PM entend être en phase avec son opinion publique. Sans entrer dans les détails de ce qui doit être relu, le premier des ministres ouvre la boîte à pandores. C’est extrêmement courageux et périlleux, pourvu qu’il ne soit pas mis sur l’arbre, et après que les politiciens viennent couper le tronc.

Normalement, avec honnêteté et sagesse, il doit être fortement soutenu dans cette direction.

Seulement voilà : le premier de ses opposants sur cette relecture de l’Accord pourrait être le chef de la transition, Bah N’Daw, qui a donné suffisamment de « gages » au président français pour l’application rapide de ce texte signé en 2015. Ce qui lui a valu des lauriers, bien tressés par Emmanuel Macron, lors du récent forum de N’Djamena, consacré au G5 Sahel.

Le président français sera donc déçu par les déclarations du Premier ministre de la transition, lequel remet en cause certaines dispositions, susceptibles de conduire à la partition du pays.

Moctar Ouane affiche le curseur et n’entend pas appliquer l’Accord en l’état.

Or, celui-ci relève, avant tout, d’une volonté hautement politique. Elle doit être affichée, d’abord, par le chef de la transition, puis mis en œuvre par le Chef du gouvernement.

Bah N’Daw n’a fait aucune déclaration. Il refuse de parler à son peuple d’une manière ou d’une autre. Au même moment, de façon discrète, il donne des « gages « , à l’insu de ceux qu’il est censé représenter.

De deux choses, l’une : soit, il a roulé Macron dans la farine ; soit le PM ne se sent pas engagé par les  » gages » obtenus par le président français.

Ce qui manque à cet axe portant sur la relecture de l’Accord, c’est bien le chronogramme ; les modalités de discussions ; les participants de la société civile ; le lieu ; le ou les médiateurs ou encore les modérateurs.

C’est bien la priorité numéro I du gouvernement. En cas d’échec des pourparlers, que cela ne plaise à Dieu, la transition s’effondrerait.

Nous reconnaissons très bien la difficulté de cette relecture : Autant l’Etat apportera des amendements, autant la partie adverse en formulera.

L’essentiel est déjà dans le texte : la forme républicaine de l’Etat, sa laïcité et l’indivisibilité du territoire.

Maintenant, il s’agit d’enlever les germes qui pourraient conduire à la partition, voire au fédéralisme parce que les réformes institutionnelles et politiques prévues constituent des micro- Etats.

Ce qu’une grande majorité de la classe politique et de la société civile refusent.

La relecture de l’Accord voulue par le DNI consiste à éviter justement un glissement vers le fédéralisme.

Paris, pour sa part, a toujours mis la pression sur les pouvoirs publics pour l’application intégrale de l’Accord. Il ne tarderait pas à rappeler à Bah N’Daw ses engagements à travers les « gages » que Paris a reçus.

Wa Salam !

El Hadj Chahana Takiou

Source : 22 Septembre

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