Les services techniques du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ont fait fuiter, la semaine dernière, un document intitulé : ” Projet de découpage administratif”. Ce texte divise le pays en 20 régions et 10 communes pour le District de Bamako.
Seulement voilà: ce projet du ministre Mohamed Ag Erlaf suscite, à juste titre, beaucoup d’interrogations chez certains. Des frustrations chez d’autres. Au point que des communiqués fusent de partout pour interpeller le gouvernement. Même si comme toujours, il y’a des gens qui tombent dans l’excès, avec des grossièretés.
La question que l’on se pose est de savoir pourquoi ne pas consolider l’existant d’abord ? Du moment que les collectivités existantes manquent de façon criarde de ressources humaines et financières, pourquoi en créer d’autres ? Pour faire plaisir aux Mouvements armés ?
C’est du moins l’impression dégagée par ce projet, disons cet avant- projet. Il privilégie les zones nomades au détriment de celles des sédentaires. C’est le cas dans la région de Tombouctou où Ber et Léré seraient érigées en cercle. Ce sont des collectivités habitées par des “peaux claires”. Alors que des gros arrondissements comme Tonka, économiquement viable et superbement ignoré.
A Gao, c’est le même scénario, avec l’érection éventuelle de quatre collectivités nomades (Achibogho, Anéfis, Essouk, Timétrine), en cercles. Aucune zone sédentaire concernée.
Kidal se taille la part du lion avec 8 cercles
Kidal se taille la part du lion avec 8 cercles, plus que toutes les régions du Mali. Taoudenit et Ménaka s’en sortent respectivement avec six et cinq cercles.
La conséquence au plan politique sera que chaque “communauté blanche” du Nord du Mali aura son territoire. L’autre conséquence politicienne sera que le nord du Mali aura 32 cercles, donc, un minimum de 32 députés sur lesquels les sédentaires, majoritaires sur cette aire géographique ne dépasseront pas, au maximum, 7 élus. Ce qui pourra favoriser un jour la création de la fantomatique République de l’Azawad, avec la domination d’une minorité au détriment de la majorité, parce que les règles en vue sont iniques.
Bonjour donc la révolte, l’intolérance, la guerre fratricide. Que Dieu nous éloigne de ce scénario! Pour ce faire, cet avant projet, qui, discuté à la base et non imposé, doit être rangé dans les placards du ministre Ag Erlaf, en attendant que les esprits se calment. Les législatives doivent se tenir, même en cas de report, sur la base du découpage existant.
Ainsi, avant la fin du quinquennat, que les collectivités existantes soient renforcées au lieu d’aller vers la balkanisation du territoire. Un découpage administratif digne de ce nom ne pourra se faire que dans la paix, la réconciliation et le vivre ensemble. Un État affaibli ne pourra pas prendre des décisions de grande envergure. La mauvaise foi et le jeu hautement politicien ne faciliteront pas la mise en route de telles décisions. C’est pourquoi, encore une fois de plus, nous insistons dessus, le projet ou avant projet de découpage administratif momentanément enterré.
Elhadj Chahana Takiou du 22 septembre
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