Jamais de l’indépendance à nos jours, la deuxième institution de la République qu’est l’Assemblée Nationale, n’a autant fait l’objet des critiques acerbes que sous IBK. Que ce soit en 2013 ou encore en 2020, notre Assemblée n’a été autant banalisée que maintenant. Comment celui dont le slogan phare était la culture de l’excellence, en l’occurrence IBK, pourrait-il s’accommoder pour ne pas dire être complice d’une telle décrépitude de notre démocratie ? Acquise au prix d’énormes sacrifices en vies humaines, notre démocratie est aujourd’hui menacée dans ses fondements. La corruption, le népotisme et le clientélisme ont gangréné tous les secteurs de la vie sociopolitique du pays.
En effet, le Mali, depuis l’avènement d’IBK au pouvoir va de mal en pis. Il est tellement devenu la risée du monde que sa voix ne porte plus sur l’échiquier mondial. Au lieu de prendre conscience de cet état de fait en rectifiant certains tirs maladroits pour améliorer son image et faire une sortie honorable à la fin de son mandat, IBK en rajoute chaque jour davantage à la crise. En soutenant Moussa Timbiné pour la présidence de l’Assemblée, IBK semble envoyer un message fort à son peuple, celui de son peu d’entrain pour lui et du seul souci de protéger ses arrières. Aujourd’hui malheureusement, c’est cette dynamique qui se poursuit avec la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale. Le clan victorieux s’accapare de tous les postes juteux en sacrifiant la compétence et le profil sur l’autel du profit et de la médiocrité. Pour rappel, les tractations pour la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale ont duré plus de 72 heures et les débats étaient loin d’être focalisés sur la compétence de celles et de ceux qui doivent occuper les postes stratégiques afin d’honorer notre institution en tout lieu et en toutes circonstances, mais qui doit être mis à tels postes pour tirer le maximum de profit.
La première vice-présidence a été attribuée à Hadi Niangadou du MPM. Est-elle la personne la mieux indiquée ? La réponse serait non pour beaucoup, car Hadi Niangadou en plus de n’avoir pas le niveau intellectuel requis, n’est ni la première, ni la deuxième force politique à l’hémicycle. C’est certainement sa proximité avec Karim Keita, le manitou du Mali qui lui a valu cette consécration. La deuxième vice-présidence échoit à l’ADEMA à travers Marimantia Diarra tout comme la 4ième vice-présidence et la questure. Là également le parti de l’Abeille récolte les fruits de son aveugle accompagnement, de sa docilité et de sa propension à toujours se mettre au service du parti majoritaire. Quant au RPM, en plus de la Présidence de l’Assemblée, il s’est également taillé certains postes stratégiques comme la 3ième vice-présidence qui est revenu au candidat malheureux au perchoir, à savoir Mamadou Diarassouba. Des secrétariats parlementaires et surtout la présidence de certaines commissions de travail, telles que la stratégique et juteuse commission de défense qui est encore et toujours revenue à Karim Keita. Pas pour son expertise poussée dans les questions de défense et de sécurité, mais pour les avantages liés à ce poste.
En somme, on ne se bouscule plus au portillon de l’Hémicycle pour venir servir son peuple, mais pour tirer profit. Le peuple est relégué au second plan par les députés et seuls comptent les avantages qu’ils pourraient bénéficier, en termes pécuniaire, d’immunité, de passeport diplomatique, d’exonérations d’où la présence massive d’hommes d’affaires.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept