Edito : Mali-Cedeao, à quand la paix des braves ?

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Aliou Touré
Aliou Touré

En septembre 2020, le Colonel-Président Assimi Goïta a été invité à Accra par ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avant son investiture et celle de Bah N’Daw. Sa récente invitation du 25 mars 2022  au sommet de la Cedeao tenu à Accra, où  certains ont fait comme si c’était la fin du monde, n’est pas une surprise et elle coïncide avec la fin des 18 mois initialement prévue par la Charte de la transition. A mon humble avis, le PT Assimi Goïta devrait répondre favorablement par sa présence physique au sommet pour  défendre la position du Mali par rapport au nouveau délai que les chefs d’État de la Cedeao s’apprêtent à accorder au Mali.  Mais hélas ! Il a décliné l’invitation de ses paires de la Cedeao.

Du coup, la tête du Mali a été rasée en son absence. Ne dit-on pas que ‘’les absents ont toujours tort’’ ? C’est pourquoi, en plus de la douleur de la défaite des Aigles du Mali à domicile contre la Tunisie aux matchs aller des barrages à la coupe du monde de football Qatar 2022, le même jour le  sommet a décidé de maintenir l’embargo sur le Mali. Mais aussi, le sommet de la Cedeao a demandé aux autorités du Mali de respecter un chronogramme de 12 à 16 mois pour la prolongation de la transition. Les chefs d’État de la Cedeao regrettent également la non-disponibilité du président de la transition du Mali pour honorer physiquement l’invitation qui lui a été faite de se rendre au sommet afin de rechercher une solution à la situation actuelle. Ah oui, s’il était présent, n’aurait-il pas bénéficié de la clémence ou un délai de plus de 16 mois ? Son absence n’a-t-il pas influencé les décisions prises à l’issue du sommet ?  Je pense que oui.

S’il était présent, il aura obtenu au moins quelque chose et je pense que les chefs d’Etat de la Cedeao auront un regard très compréhensif sur ses demandes. Assimi Goïta devrait comprendre qu’on ne dirige pas un pays avec la perception publique. Le Mali est un pays sous perfusion et cela, depuis près de dix ans. La souveraineté n’est pas un slogan et elle ne se décrète pas. C’est une quête permanente de plusieurs générations. Le préalable, c’est de réunir les moyens et les conditions. Le colonel Assimi Goïta doit se ressaisir davantage, afin que la fumée blanche apparaisse entre le Mali et la Cedeao, afin de la levée de l’embargo, puisque les Maliens en souffrent.

Le problème qui oppose le Mali à la Cedeao est d’abord et avant tout un problème juridique, ou de droit international. Les autorités de la Transition doivent comprendre qu’on ne peut pas choisir de rester membre de la Cedeao et continuer à violer les règles de cette organisation, même s’il est vrai que celles-ci ne sont pas toujours clairement et incontestablement identifiées ou identifiables. Si nos autorités devraient continuer à violer de façon grave et persistante les règles de la Cedeao, elles feront mieux alors d’en tirer les conséquences par et pour elles-mêmes. Sinon, le Mali court le risque de voir la Cedeao tirer les conséquences pour lui.  Le droit international conventionnel offre toujours les moyens de régler les problèmes. En tout cas, le Mali étant l’un des membres fondateurs de la Cedeao, il est vraiment primordial qu’après des mois intenses de négociations autour d’un chronogramme électoral raisonnable et consensuel, les deux parties devraient vraiment faire davantage de concession afin que la fumée blanche apparaisse enfin au grand jour pour le bonheur des peuples de la Cedeao.

Aliou Touré

Source : Le Démocrate

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