16 morts, 300 ménages sinistrés ainsi que d’importants dégâts matériels enregistrés, tel est le bilan des inondations suite à la forte pluie qui s’est abattue sur Bamako, annonçant du coût le début de l’hivernage. C’est vraiment triste ! Il faut avoir le courage de le dire, nous sommes tous responsables de ces dramatiques inondations. D’abord les élus locaux qui, inconscients et cupides qu’ils sont, ont vendu les lits des rivières et des fleuves. On y a donc construit en dur, oubliant qu’en le faisant, on expose les plus fragiles qui sont aux alentours. Certains soubassements en béton ont résisté, mais l’eau s’est déversée vers les habitations des populations pauvres qui ont payé le prix fort.
Alors, les partis politiques dont les élus ont vendu des parcelles dans les zones inondables doivent s’abstenir de faire des communiqués suite à cette dramatique inondation. Les élus municipaux doivent également prendre conscience que leur mission n’est pas seulement la distribution de lots à usage d’habitation, mais c’est aussi et surtout la protection des populations. Ce n’est pas la cupidité qui doit être la gagnante dans cette affaire-là. Il faut qu’elle recule, il faut que l’on pense à sauver la vie des gens dans ce pays de plus en plus, de mieux en mieux. Aussi, l’incivisme caractérisé et total des populations qui ont transformé des caniveaux en de véritables poubelles.
Soyons réalistes car, malgré ses parures, Bamako reste un gros village urbain en 2019. Pour preuve, il n’y a pas de canalisation de niveau, aucune stratégie d’anticipation des catastrophes naturelles, ni plan d’urgence urbaine. De surcroit, les réserves naturelles (pas de rivière ou de fleuve, etc.) sont tombées dans le champ de la spéculation foncière et sont vendues illégalement et de façon anarchique au vu et au su de tous. Certes on ne peut pas tout prévoir, mais des canaux d’évacuation dignes de ce nom, bien structurés en osmose avec le plan cadastral urbaine, auraient pu nous éviter ces pertes en vies humaines et matériels. Tous ces enfants qui sont morts, toutes ces femmes qui sont mortes, et il y a une grande part de responsabilité humaine. Nous sommes tous coupables, non d’avoir dit, mais de n’avoir pas sanctionné.
C’est dommage pour le développement tant espéré! Que l’âme des victimes repose en paix! Œuvrons tous à ce que cela ne se reproduise plus car, nous sommes tous responsables en grande partie du laisser-aller qui est à la base des problèmes de ce pays. En cette période hivernale qui s’installe peu à peu, les plus hautes autorités devraient dès maintenant prendre les mesures idoines de prévention, d’anticipation pour protéger les vies des hommes et des femmes.
L’Etat doit s’assumer en situant les responsabilités et en sanctionnant les responsables de ces inondations. Il ne faut pas se limiter aux discours et à la distribution des dons aux sinistres, il faut sanctionner toute personne qui va déposer des ordures dans les caniveaux, déguerpir complètement les habitations qui sont installées sur le passage des eaux. Les élus municipaux doivent être des responsables, à ne plus penser que tout doit revenir à l’Etat, qu’en les lieux où ils ont été élus pour gérer les cités. Alors qu’ ils gèrent les cités au mieux des intérêts des populations, en les préservant, en pensant à ces populations-là, à leurs vies et non pas à l’argent. De grâce, il est vraiment temps qu’on ait un peu pitié du peuple.
En tout cas, ces premières pluies sur la ville de Bamako viennent de donner un avertissement à ceux qui habitent dans des zones inondables. Il est évident que l’eau ne se détourne jamais de son lit naturel. Un homme averti en vaut deux!
Aliou Touré