Edito : ‘’Opération coup de poing’’ ou opération coup d’éclat ?

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Aliou Toure
Aliou Toure

Le taux d’insécurité dans la capitale malienne a pris une ascension fulgurante. Des assassinats multiples et braquages en plein midi sont devenus monnaie courante. Bamako est sous la terreur et la population vit la peur au vendre.

Vu l’extrême gravité de la situation, certains ont réclamé la démission  du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Général Salif Traoré, qui était dans l’obligation d’agir.

Une rencontre d’urgence avec tous les responsables de la sécurité a été ainsi convoquée. Une commission a été mise en place pour pallier l’insécurité. Au lieu d’agir en toute indiscrétion et traquer les malfrats, le général Traoré a préféré le tapage médiatique. Une opération dite ‘’coup de poing’’ a été lancée, avec en toile de fond une campagne de communication sur les réseaux sociaux et à la télévision nationale.

Sur les petits écrans de l’ORTM, la réussite de l’opération défilait en bande passante: 84 personnes interpellées, 162 engins à deux roues, 61 PA améliorés, 33 fusils de chasse, une quantité importante de munitions ont été saisis dans les secteurs de Torokorobougou, Bacodjicoroni.

Un vrai coup d’éclat qui a valu aux Maliens de se poser un certain nombre de questions: Pourquoi toute cette campagne médiatique autour de cette opération ?  Pourquoi a-t-on attendu tout ce temps avant d’agir ? Pourquoi ne pas mener des actions pérennes plutôt que d’attendre que les actes criminels soient exacerbés ?

Nommée également ‘’opération commandos’’, cette opération perçue généralement comme ‘’un coup de communication’’ ou comme ‘’un coup de bluff’’ du ministre Traoré a été une expédition punitive contre les paisibles citoyens. Des éléments de la sécurité ont agi dans certains endroits en agressant d’honnêtes citoyens.

Pour preuve, une équipe de patrouille a passé à tabac une dizaine de jeunes présents dans un bar à Sotuba. Bilan : deux (2) blessés graves. Comme cela ne suffisait pas, de pauvres fabricants de fusils artisanaux connus de tous ont été arrêtés violemment, leurs ateliers et fusils montrés à la télévision et les images sur les réseaux sociaux.

Au lieu d’arrêter ces pauvres fabricants d’armes artisanales, ne serait-il pas judicieux de les recruter dans l’armée, les former afin d’équiper les forces armées maliennes?

Une chose est sûre, c’est qu’on ne se lève pas un beau jour pour construire un avion de chasse. On commence toujours à faire des petites choses pour un jour améliorer et d’en faire ce qu’on veut réellement. Si nous continuons à emprisonner nos petits génies de cette manière médiatique, cela ne serait-il pas une perte pour notre pays.

A mon humble avis, le ministre de la Sécurité, Général de Division Salif Traoré, doit continuer à travailler avec les chefs de sécurité en toute discrétion et arrêter le tapage médiatique qui ne lui sert nullement et qui, au lieu de sauver son fauteuil, peut se retourner contre lui.

L’insécurité, ce n’est pas seulement dans la capitale. Elle s’est généralisée dans tout le pays et a atteint une proportion très inquiétante. Le Mali est au bord de l’effondrement à cause d’une putréfaction sécuritaire. Et le ministre Traoré a le devoir régalien de stabiliser le pays.

Nous lui suggérons de mettre un numéro unique d’urgence accessible à toute la population du Mali et dans toutes les localités du Mali; d’entamer une campagne d’éducation, d’incitation et de motivation de la population à aider en diffusant continuellement ce numéro par tous les médias ; de créer un service de traitement des données recueillies dans toutes les localités (téléphonistes).

Ce service de traitement doit être lié à tous les postes de contrôle, à toutes les patrouilles et unités d’intervention rapide ; de cesser de mettre en danger les gens qui aident la Sécurité en les félicitant publiquement après une arrestation. Les aides doivent toujours restées strictement confidentielles.

Qu’à cela ne tienne ! Il faut que les populations maliennes aident les forces de sécurité. L’Etat aura beau employer tous les moyens, sans la complicité des populations, la lutte contre l’insécurité sera vaine.

Elle doit être l’affaire de tous. Notre collaboration avec nos soldats de la sécurité est primordiale. Nous devons donc accompagner le général Salif Traoré dans la réelle opération ‘’ coup de poing’’ contre le grand banditisme dans le pays qui doit être menée très loin des caméras et des réseaux sociaux.

Aliou Touré

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