Edito: Que de promesses, mais pour quels effets ?

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Aliou Toure
Aliou Toure

Dans notre dernière parution, nous titrions à la Une : « Contribution au fonds Covid-19: puisent les exemples de Macky, d’Ali et de Rock…inspirer IBK ». Eh bien, mieux vaut tard que jamais ! Le président IBK, dans sa 3ème adresse à la nation, a annoncé des mesures sociales de riposte à la pandémie. Il renonce à trois (03) mois de son salaire, son Premier ministre Boubou Cissé deux (02) mois et les autres ministres, un (01) mois de leur salaire. Des primes spéciales seront payées au personnel de santé mobilisé et aux éléments des forces de sécurité et de défense affectés à la surveillance du couvre-feu et des lieux d’attroupements éventuels. Les entreprises locales de textiles, grandes, moyennes ou petites y compris les tailleurs qualifiés vont produire sur place des millions de masques au profit de la population. Le programme « Un Malien, un masque » est lancé avec une commande spéciale de 20 millions de masques lavables livrés à Bamako dans le courant de la semaine prochaine. Un fonds spécial de 100 milliards pour les familles les plus vulnérables sera mis en place. Diminution pendant 3 mois de la base taxable au cordon douanier des produits de première nécessité, notamment le riz et le lait. La prise en charge pour les mois d’avril et de mai 2020 des factures d’électricité et d’eau des catégories relevant des tranches dites sociales, c’est-à-dire les plus démunies. L’exonération de la Taxe sur la valeur ajoutée sur les factures d’électricité et d’eau, de tous les consommateurs, pour les mois d’avril, mai et juin 2020. La distribution gratuite de 56.000 tonnes de céréales et de 16.000 tonnes d’aliments bétail aux populations vulnérables touchées par le Covid-19. Les allocations budgétaires, et toutes les allocations budgétaires, seront revues. La révision commencera par le sommet de l’Etat. Les priorités d’investissements seront également revues et les fonds constitués seront scrupuleusement gérés, sous la supervision du chef de gouvernement. L’ensemble de la dette intérieure due au 31 décembre 2019 sera apuré, autant que sera diligenté le paiement des mandats au titre de l’exercice 2020 à hauteur de 100 milliards de FCFA. Le Fonds de garantie du secteur privé sera doté d’un montant de 20 milliards de FCFA destinés à garantir les besoins de financement des PME/PMI, des systèmes financiers décentralisés, des industries et de certaines grandes entreprises affectées par la pandémie. Des remises d’impôts, au cas par cas et secteur par secteur, aux entreprises privées impactées par les mesures de prévention du Covid-19, en l’occurrence les secteurs les plus sinistrés tels que les industries touristiques (hôtellerie, voyages et restauration), culturels et les transports, afin de protéger les emplois…

Beaucoup de Maliens ont apprécié et salué le discours du président IBK qui a été à la hauteur des enjeux et de leurs attentes. Mais, ils doutent quant à la mise en œuvre. A mon humble avis, cette panoplie de mesures annoncées par le président de la République soulageront sans doute les populations si et seulement si elles sont bien mises en œuvre. Nous sommes beaucoup de Maliens à douter de la parole du « Kankeletigui » qui, malheureusement, en raison du non-respect de la parole donnée, est devenu le ‘’Kantiamatigui’’ (l’homme à plusieurs paroles). De ce fait, nous attendons d’abord la mise en application des mesures sociales annoncées par lui. Il faudra cependant mettre sur pieds des mécanismes qui veilleront à l’application correcte, sincère de ces mesures présidentielles. Je pense profondément qu’il est nécessaire de mettre en place une veille citoyenne dans toutes les régions, dans chaque quartier et village…..exiger la publication des noms, adresses complètes et numéros de téléphone de chaque bénéficiaire de l’appui financier ou en nature…la transparence, la traçabilité et la visibilité doivent être de mise.   D’autant plus que le discours d’IBK comporte trop de zones d’ombres, dont la lisibilité est très restreinte car, quand on parle des plus démunis. On se pose beaucoup de questions à savoir: il s’agit de qui précisément ?   Quels seront les critères de sélection ? Et le suivi ? Quand on sait que la plupart des personnes en charge des fonds ne sont pas sérieux dans leur gestion. Il faut dire que les Maliens, dans leur grande majorité, doutent que les promesses égrenées par le chef de l’Etat seront suivis d’effets.

Aliou Touré

SourceLe Démocrate

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