Le débat actuel autour de la prolongation du délai de la Transition, est lié fondamentalement à la tête du Premier ministre. Si des partis politiques ont carrément exprimé leur opposition à la possibilité de prolonger la transition, c’est qu’ils pensent que l’actuel Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga n’est pas celui qui doit conduire cette prolongation. Et cela pour plusieurs raisons : d’abord, Choguel est le chef d’un parti politique dont la mission est de conquérir le pouvoir et de l’exercer. Si la charte de la transition empêche aux membres de la transition de se porter candidats aux prochaines élections, rien n’empêche leur formation d’aller à la conquête des suffrages des électeurs. De leur point de vue, le Premier ministre de la transition n’est pas aussi neutre qu’il devrait l’être pour garantir une crédibilité du scrutin présidentiel.
Une autre raison est liée au fait que le Premier ministre représente l’ancienne opposition qui a fait partir le régime démocratique dirigé par le président IBK, par la rue. Et cette opposition était farouchement opposée à toute idée de prolonger la transition sous la présidence du couple Bah N’Daw-Moctar Ouane. Pourquoi donner aujourd’hui blanc-seing à cette opposition au pouvoir pour prolonger la transition ! Aussi, Choguel n’a rien proposé jusque-là qui prouve sa volonté d’organiser des élections présidentielles dans les délais impartis à la durée de la transition.
La dernière raison pour laquelle certains Maliens ne veulent entendre parler de prolongation de la transition, est d’ordre juridique et constitutionnel. Pour ceux-ci, le Mali a intérêt plus à un retour rapide à l’ordre constitutionnel rompu par le coup d’Etat que de demeurer dans un processus d’éternisassion de la transition. Mais, tout ce débat pourrait s’estomper si la transition était finalement dirigée par un Premier ministre issu de la société civile, politiquement neutre par rapport aux récents évènements survenus dans notre pays. Déjà que l’organisation des élections par un membre issu du M5 RFP, soulève des inquiétudes liées à la neutralité du processus, il serait difficile de convaincre l’ensemble des Maliens ou tout au moins les principaux acteurs, de laisser Choguel prolonger la transition. Si les militaires putschistes veulent réussir à prolonger le délai de la transition, il faudra envisager à faire nommer un Premier ministre de consensus qui formera à son tour un gouvernement de large ouverture. C’est seulement en ce moment qu’on peut envisager une prolongation en douceur de la transition.
El hadj Tiémoko Traoré
Source : Le Pouce