L’international Crisis Group (ICG) a publié le 28 mai dernier un nouveau rapport intitulé : « Parler aux djihadistes au centre du Mali : le dialogue est-il possible ? ». L’ONG internationale «dresse le constat d’une guerre antiterroriste ingagnable par les armes et explore les voies que l’Etat malien pourrait emprunter pour négocier avec» les « djihadistes ».
Dans une interview accordée à « Le Monde Afrique », le chercheur Ibrahim Yahaya, auteur principal de ce rapport, déclare : « Les djihadistes adaptent leur stratégie à la pression militaire: Quand l’armée malienne a essayé de reprendre les villes, les djihadistes se sont d’avantage centrés sur la brousse. Ils ont ris au moins une dizaine de localités sous embargo et ont continué à occuper les villages, qu’ils gouvernent à distance. C’est une tactique de guérilla qui les rend quasiment insaisissables. L’action militaire classique n’est pas adaptée à leur système de combat….Il n’y a pas d’autres alternatives crédibles et il devient urgent de sortir de l’impasse.
Ce conflit djihadiste est en train d’alimenter une violence intercommunautaire qui fait beaucoup plus de morts que le terrorisme. Il suffit de regarder l’augmentation de la violence: au centre, elle s’est multipliée par dix entre 2015 et 2018. Si l’Etat ne pense pas à une solution alternative, on va vers la catastrophe ». Cette prise de position de l’Onginte nationale donne raison à l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga qui, en véritable homme d’Etat soucieux de la stabilité de son pays, avait mis en place une commission de bons offices présidée par l’imam Mahmoud Dicko afin d’explorer les voies et moyens pouvant instaurer la paix au centre et au nord.
A la différence du Président Ibrahim Boubacar Keïta qui, sous la pression de ses alliés occidentaux notamment la France, souffle le chaud et le froid, l’ancien chef du gouvernement avait une vision claire dés en jeux géostratégiquesde ce qui se passe actuellement au Sahel. Cette posture d’Abdoufaye Idrissa Maïga était égal ment en phase avec les recommandations de la Conférence d’entente nationale, laquelle avait suggéré de dialoguer avec tous les fils du Mali, y compris Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. •
Dans une interview accordée à « Le Monde Afrique » du 22 février 2018, le président de la République a exclu tout dialogue avec des_« djihadistes >>.
À la question « Quid d’un dialogue direct avec le chef touareg malien Iyad Ag-Ghali, fondateur d’Ansar Eddine en 2012 et à la tête de la coalition du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), officialisée en mars 2017.
? », IBK a répondu : « Pas question ! Le président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, avait reçu mandat de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga [avril-décembre 2017] de conduire une mission de bons offices dans le centre et le nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’Etat, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons-mis fin à cette mission».
Cette déclaration n’empêche pas le locataire de Koulouba de se montrer admirateur du modèle d’un pays voisin, en l’occurrence la Mauritanie, qui a réussi à contenir pour le moment le phénomène djihadiste. A la tribune de la cérémonie d’ouverture du 3ème congrès ordinaire du Haut conseil islamique du Mali, le Président de la République a tenu un discours allant dans Ce sens.
Même si le Président IBK est « maître de l’équivoque » selon le journaliste français Vincent Hugeux, il n’aura pas le courage de dire non à ses parrains occidentaux dans le cadre de la lutte menée au Sahel contre le terrorisme. Le Président de la République et son gouvernement continueront à regarder de l’autre côté de la Méditerranée avant de décider. La-lutte contre le terrorisme est devenue un véritable fonds de commerce. Le terrorisme nourrit aujourd’hui autant de monde qu’il n’en tue.
Malgré la présence au Mali de la Minusma, la force française Barkhane, l’Eucap Sahel, la Misahel, le terrorisme enflamme le Sahel.
Par Chiaka Doumbia.