Edito : Un mépris de trop de la junte à la classe politique

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Ouverture des concertations nationales sur la transition politique au Mali, ce samedi 5 septembre 2020
Ouverture des concertations nationales sur la transition politique au Mali, ce samedi 5 septembre 2020

Un décret signé du Président de la Transition Bah N’Daw avait fait d’abord le tour des réseaux sociaux, avant de sortir au journal officiel. Ce décret qui fixe non seulement les modalités de nomination des membres du Conseil National de la Transition, CNT, mais aussi et surtout  répartition des 121 sièges entre les différentes composantes de la nation a été qualifié de scélérat par la quasi-totalité des forces sociopolitiques. Ce décret en la forme est une insulte pour la classe politique, qui d’ailleurs pour une des rares fois, et à l’unisson, a décliné la proposition faite par le CNSP. Oui par le CNSP, car c’est toujours la junte qui gouverne sans partage.

Dans le fond  il est un mépris souverain  de la junte vis-à-vis des autres composantes qui n’ont ni été consultées encore moins  associées afin que la décision soit consensuelle. Cet acte  est sans nul doute la énième erreur de trop de la junte au pouvoir depuis le 18 Août 2020. Cette erreur risque de lui être fatale car en plus de la colère noire piquée par l’ensemble de la classe politique, le front social est également en ébullition avec des grèves dont certaines sont déjà illimitées et d’autres en gestation. Comment Bah N’Daw, AssimiGoita et MoctarOuane pourront-ils gouverner en ayant en face d’eux l’ensemble de la classe politique irritée et prête à en découdre avec eux?  Qu’ils comprennent que sans consensus ils ne  pourront pas mener les réformes idoines, aujourd’hui indispensables pour un nouveau Mali. Par cet acte  Ne sont-ils pas désormais en train de préparer leur chute. En tout cas ils sont désormais  assis sur une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment.

L’amateurisme, la prétention et la suffisance sont les caractéristiques principales de la junte. Le guide de la révolution Burkinabé, le capitaine Thomas Sankara n’avait-il pas raison d’affirmer sans ambages qu’un soldat sans aucune formation politique est un criminel en puissance ? Cette assertion sied tellement au contexte actuel du Mali et même à celui de 2012 quand le CNRDRE du capitaine Amadou Haya Sanogo avait pris le pouvoir. La question que l’on doit se poser est celle de savoir si le héros du 18 Août 2020 a tiré toutes les leçons du passé récent du Mali ? Comment dans un contexte d’insécurité  où il y a un besoin pressent d’hommes en armes au centre et au nord, que nos braves soldats se bousculent au portillon de l’Assemblée Nationale  pour siéger et légiférer ? L’attitude des colonels fortement politisés du CNSP, contribuerait sans nul doute à fragiliser notre outil de défense et à diminuer considérablement  la confiance que l’opinion nationale portait en eux.

121 Sièges dont 22 aux forces de défense et de sécurité, 8 au Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques, M5 RFP, 11 à l’ensemble des partis politiques, 9 aux organisations de la société civile, 4 sièges à la presse. Rien qu’en se limitant à ces quelques composantes de la société on en conclurait que les militaires veulent prendre en otage la transition et de surcroit la démocratie chèrement acquise au Mali. Pourquoi 22 porteurs de Kaki et d’armes au sein de l’hémicycle, considéré comme un haut lieu du débat démocratique ? AssimiGoita et ses compagnons d’infortunes ne sont-ils pas en train de préparer le terrain de la présidence du CNT au dernier membre du CNSP, le colonel MalickDiaw ? Ils commettront la plus grosse erreur en nommant 22 militaires au CNT et en imposant le colonel Diaw à la tête de l’institution parlementaire de la Transition. Ils pourraient bien le faire et ils auront même des soutiens au sein de la classe politique et de la société civile, mais devant un peuple déterminé rien ne pourrait l’arrêter et le réveil risque d’être brutal pour les militaires en voyant dans un bref délai, devant le portail de Kati une foule déchainée leur demandant de s’en aller du pouvoir.

Youssouf Sissoko

Source : Inf@sept

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