Plus de deux semaines après la rentrée parlementaire, tous les regards sont tournés vers la primature scrutant un geste attendu du Premier ministre Boubou Cissé, dans la pure tradition du changement de l’attelage gouvernemental, postélectoral. Il est suivi dans ses moindres mouvements depuis la cité administrative Mouammar El Ghadafi ; va-t-il monter à Koulouba, au palais présidentiel ? A-t-il sa lettre de démission dans sa poche ?
Si pour de nombreux observateurs, il ne s’agira pour le Premier ministre Boubou Cissé, que d’une simple formalité, par ce qu’il mériterait tout de la patrie pour avoir maintenue intacte la confiance des partenaires financiers, foulé le sol de Kidal en renforçant le dispositif malien dans la cité des Ifoghas, réussi des missions humanitaires de distribution de céréales pour apaiser le front sécuritaire au centre, pour d’autres Boubou Cissé a accompli sa mission et il appartient à un nouvel homme, avec de nouvelles méthodes et approches, de poursuivre les chantiers du Mali. On reproche au Premier ministre très prochainement sortant, la gestion abracadabrantesque du dossier des syndicats d’enseignants, son incursion dans la gestion du fonds Covid 19 et les tiraillements avec son ministre de la santé, la gestion controversée selon des opérateurs économiques des dossiers d’exonérations et de dette intérieure et la situation sécuritaire au centre qui lui met à dos les chasseurs donso. Mais comment peut-on reprocher à un Premier ministre d’ingérence dans la gestion du département d’un de ses ministres ? Comment peut-on lui reprocher d’adopter une gestion orthodoxe des dossiers d’exonérations et de dette intérieure ? En tout cas le nouveau gouvernement s’annonce dans un climat tendu postélectoral marqué par des manifestations violentes de mécontentements à Bamako, Kayes et Sikasso. Au mois d’Aout 2019 des manifestations épidémiques de ce genre concernant le mauvais état des routes à Bamako, Kayes, Gao et un peu partout avaient conduit le chef de la DGSE Moussa Diawara à se rendre à Kayes pour tenter d’amortir la montée en puissance des tensions sociales, pendant que Boubou Cissé annonçait illico, le démarrage des travaux sur certains chantiers de construction de routes. Fallait-il comprendre cet évènement comme un avertissement au Premier ministre Boubou Cissé ?
En tout cas l’heure de vérité est pour bientôt. Le Président IBK est seul à détenir légitimement le dernier mot. Boubou Cissé, Michel Sidibé ou qui d’autre ? Pendant que tout le monde a l’oreille tendue dans l’attente de la démission du Premier ministre, Boubou Cissé attend que tout soit ficelé au CICB siège provisoire du Parlement. Ainsi à la primature, les yeux sont rivés sur l’Assemblée nationale qui met en place son bureau aujourd’hui. Il s’agira de désigner les dix vice-présidents autour du titulaire du perchoir Moussa Timbiné, qui a été élu le 11 mai dernier par ses collègues députés ; les deux questeurs, et les dix secrétaires parlementaires. Ce n’est qu’après, que les 11 commissions spécialisées de 12 membres chacune seront mises en place. A noter que les présidents des groupes parlementaires ont désormais rang de vice-président de l’Assemblée nationale, en vertu du nouveau règlement intérieur. Il y a sans doute des négociations autour de la mise en place du bureau, par ce que celui-ci doit s’efforcer de représenter la configuration générale de l’Assemblée nationale, mais ces négociations n’excluent pas des combats de titan. Les postes de vice-présidents et de questeurs échapperont difficilement à cette bataille de ses prétendants. Le questeur sortant Mamadou Diarrassouba, était vu comme candidat à sa succession, après avoir été écarté le 11 mai dernier, de la course au perchoir, par le respect qu’il voue au choix du président de la République. Mais, il n’en est rien. Diarrassouba n’est plus candidat à rien, trop déçu de l’attitude de ses camarades du RPM. Selon nos informations, Moussa Timbiné a déjà jeté ses tentacules et verrouillé les postes du bureau en y mettant, avant la lettre, ses propres pions. Ainsi, Oualy Diawara député Adema de la Commune I (un ancien président de commission Finances) serait le choix au poste de premier questeur, de la coalition qui a soutenu la candidature de Moussa Timbiné au perchoir. Selon nos informations, ce positionnement vise, au-delà de la présente législature, les prochaines joutes au sein du parti RPM, pour couper l’herbe sous le pied du clan Treta.
Boukary Daou
Source : Le Républicain