Rien ne va plus dans le pays de Soundjata Keïta. Ces derniers temps, le pays est durement éprouvé, très éprouvé. Jamais la population ne s’est sentie aussi en insécurité comme aujourd’hui. Après l’attaque de Dioura, le 17 mars dans la nuit de samedi à dimanche qui a fait 34 morts, c’est le village Ogossagou Peul qui est, à son tour, frappé par des hommes armés non encore identifiés. La scène est insoutenable. Ogossagou Peul existe à peine. Face à la gravité de la situation, un conseil de ministre extraordinaire s’est tenu sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali. Au sortir du conseil dit extraordinaire, le monde est vite mis au courant des grandes décisions prises.
Un bouleversement au « mini sommet » de l’armée. Le chef d’Etat major adjoint remplace son chef. Mais de qui se moque- t- on? Pas besoin d’en dire plus sur les autres nominations. Chez la population, la décision a suscité beaucoup d’interrogations. Comment le ministre de la défense et le patron de la SE ont pu échapper à cette expédition punitive ? Le doute se minimise quant à la capacité réelle du gouvernement à satisfaire la demande sociale. On peut sans se tromper dire que c’est l’opposition qui avait raison. Revenons à l’actualité du jour. Une autre décision pas plus brillante que la première est la dissolution du groupe d’autodéfense Dana Ambassagou. S’il avait parlé de désarment, on l’aurait mieux compris. Mais en vertu de quel pouvoir, l’Etat prononce la dissolution d’un groupe qu’il n’a pas créé ?
Soit il est l’initiateur du groupe et le principal bailleur de fonds soit ils ont, en un moment donné, collaboré et sont tous comptables des actes reprochés à ce mouvement. Décidé de la dissolution de Dana Ambassagou en conseil de ministre revient à dire au monde qu’il est l’auteur de la barbarie de Ogossagou. Et il fut ainsi. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que c’est Dana Ambassagou qui en est l’auteur de ce massacre aux yeux du monde.
Comment un gouvernement peut s’adonner à de telles déclarations sans même attendre les conclusions de l’enquête qu’il prétend lancer ? Les résultats d’une telle enquête sont-ils fiables. Cependant les autorités oublient ou s’enfichent éperdument qu’elle colle ainsi une étiquette sur tout un groupe ethnique sans aucune base solide. Qu’est –ce qui se passera donc si les conclusions de l’enquête étaient autres que les accusations ? Il ne fait aucun doute que l’Etat est dans une fuite en avant. Il se sauve ainsi sans la République. Ce n’est pas un bon signe.
Amadingué Sagara