Editorial d’Adam Thiam : garder le fusil mais changer d’épaule

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Adam thiam
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Gloire aux soldats martyrs de notre nouvelle guerre de libération nationale. Ceux d’Indelimane, de Bullikessi, de Dioura, de Guiré, pour n’évoquer que les camps meurtris en 2019, sans intention d’occulter ni les victimes des années précédentes ni les ravages des embuscades et autres mines anti-personnel, comme à Bandiagara ce dimanche.

C’est pour nous qu’ils sont tombés. A leur liberté, ils ont privilégié la nôtre. Leur vie, ils l’ont sacrifiée pour la nôtre. La seule aune qui vaille étant l’apport à la patrie, personne dès lors, ne mérite mieux de la République que ces jeunes abattus à l’entame de la vie, certains sans progéniture, d’autres laissant derrière eux, veuves orphelins, mais tous partis dans l’affection des siens.

Et c’est tragiquement ajouter l’injure à la blessure en répandant autour de soi qu’un soldat est fait pour mourir au front. Des poncifs de ce genre n’ont pour but que de nous habituer à la mort de nos soldats, à force de RIP sans sincérité sur les murs facebook, d’amalgames pour sots, d’analyses trop courtes basées sur des prémisses erronées, de communiqués peu crédibles voire de prises de parole cacophoniques. Or la banalisation de notre tragédie est parfaitement possible.  Comme ce fut, en son temps, le cas avec le procès d’Eichmann à Jérusalem, les détails quotidiens sur ses atrocités, la posture blasée du froid pourvoyeur des camps d’extermination, toutes choses qui amenèrent la sociologue Hannah Arendt à se pencher sur ce qu’elle avait appelé alors la « banalisation de la violence ».  Le soldat a vocation à gagner la guerre et doit être dans toutes les conditions de gagner. Notre salut alors est de prendre le taureau par les cornes et de ne pas prendre le taureau pour ses cornes.  L’audit est devenu incontournable de cette guerre devenu chaque jour plus létale pour nos troupes. Analyser nos vulnérabilités n’est pas souiller la mémoire des soldats tombés, mais se donner plus de chance de vaincre un adversaire difficile à vaincre certes mais loin d’être invincible. Il est temps d’interroger les postulats sous-tendant notre stratégie de guerre, afin que par la mobilité et l’option résolue pour l’offensif, l’installation des camps de l’armée sur le terrain de l’ennemi soit payante, au lieu d’être contre-productive.
Source : benbere

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