Longtemps déchirés entre des hommes politiques sans scrupule et portés sur l’argent facile, introduit dans nos mœurs par des démocrates sans foi ni loi pour briser tout élan d’union et de solidarité autour de la mère partie, les Maliens, malgré leurs divergences politiques et religieuses, sont en train de comprendre que s’ils ne se donnent pas la main, ils courent à leur perte. Même si ce n’est pas, pour le moment, une mobilisation générale pour donner la réplique aux propos injurieux, menaçants et arrogants du gouvernement français contre le peule malien, à travers les dirigeants de la transition, chacun est parti de son côté, se sentant blessé dans son orgueil d’homme malien, pour dire à Paris que trop c’est trop.
D’anciens ministres au citoyen lambda, en passant par les universitaires, la fibre patriotique a été rallumée face aux sorties désobligeantes du président français, Emmanuel Macron et certains de ses ministres contre les Maliens qui peinent à récolter les fruits de sa lutte contre le terrorisme dont les troupes françaises se sont engagées depuis huit ans pour éradiquer ce fléau dans notre pays et dans le reste du Sahel.
On connaissait cette forte solidarité du peuple malien autour de leurs responsables chaque fois que les intérêts du pays sont menacés par des ennemis extérieurs. Et cela a été toujours un grand moment de communion entre les dirigeants politiques et le peuple. Rappel historique important. À l’éclatement de la Fédération du Mali, Modibo Keïta et ses compagnons ont bénéficié du soutien sans faille du peuple malien. Arrêté à Dakar, à la suite des événements qui ont entraîné l’éclatement de la Fédération, les Maliens avaient décidé de marcher sur la capitale sénégalaise si Modibo n’était pas libéré. Et quand il a été libéré, les Bamakois ont bravé les intempéries (vent, soleil, pluie) pour réserver un accueil digne à la délégation. Idem pour le président Moussa Traoré. Malgré la tension politique à l’époque, les Maliens l’ont porté dans leur cœur lors des deux (02) guerres que notre pays a livrées à la Haute- Volta (1974), devenue en 1984 Burkina Faso (1985). Ces événements doivent nous interpeller à tout instant quand l’ennemi se présente à nos portes. Nous devons rester ‘‘debout sur le rempart’’ comme nous dit notre hymne national et qui nous incite d’ailleurs à nous armer et à se battre pour la victoire finale.
Mais, c’est avec grand regret que nous constatons que depuis l’avènement de la démocratie, les Maliens ne sont préoccupés que par le gain facile, volant en éclats la fibre patriotique sans laquelle nous serons toujours la proie facile pour les autres comme c’est le cas aujourd’hui. Ils jouent sur notre division pour nous maintenir dans cet état de ni paix ni guerre pour leurs propres intérêts. Si cela a été possible, c’est avec la complicité de certains fils du Mali qui n’ont jamais mis au devant la construction du citoyen malien, capable de comprendre les enjeux géopolitiques et géostratégiques du monde, contrairement aux régimes de Modibo Keïta et du général Moussa Traoré. Ces femmes et ces hommes, qui se sont abusivement appelés démocrates, ont été les profiteurs du labeur de leurs compatriotes au nom de la démocratie, un système politique en déphasage de nos réalités. Ils ont détruit l’homme malien avec lui sa fibre patriotique, remplacée par l’argent roi. Si les Maliens ont compris que sans une union sacrée autour de la patrie, qu’ils seront un jour esclaves sur leur propre territoire, tant mieux. Dans le cas contraire, on subira la loi des autres.
On ne peut que se réjouir et féliciter de cet éveil de conscience et de cette prise de conscience de la part de nos compatriotes. Et on ne peut qu’encourager et appeler nos compatriotes à l’union sacrée pour sauver notre pays de cette situation, née de la gestion d’une catégorie d’apatrides maliens qui continuent toujours de faire un clin d’œil à nos bourreaux pour leur tube digestif. Et qu’il faut que chacun de nous sache que sans l’amour de la patrie, on ne sauvera pas le Mali et on sera la risée mondiale. Donc, arrangeons nos divisions, nos égos, nos divergences, nos querelles de clochers pour porter notre pays dans nos cœurs afin de faire face aux ennemis extérieurs dont l’ambition est de nous soumettre et de nous payer cher la résistance que nos grands- parents et parents ont vigoureusement opposé à eux lors de leurs conquêtes politiques et économiques de l’Afrique.
Comme ils n’ont pas pu les prendre comme un coq dans un poulailler, il faut faire payer cela à leur progéniture. C’est à nous de comprendre cette situation pour rallumer la fibre patriotique mise en berne par des vrais faux démocrates qui ne soucient que de leurs intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt général du peuple malien. C’est à seul prix qu’on nous prendra au sérieux.
Yoro SOW
Source : Inter de Bamako