Après la chute du régime IBK suite à plusieurs contestations populaires, une grande partie de la population a acclamé cet exercice pourtant anti-démocratique. Pour cette franche partie de la population, une lueur d’espoir était désormais visible, cette lueur est baptisée “Malikoura”, c’est à dire le nouveau Mali. Pourtant avec le temps, la transition ne cesse de décevoir ceux-là même qui ont prôné et œuvré pour le changement. De plus en plus, les nouvelles autorités se heurtent à plusieurs défis laissant planer des interrogations quant à la suite de la transition.
En effet plusieurs facteurs ou actions ont contribué à installer un climat de méfiance entre une grande partie de la population et les nouvelles autorités.
La mise à l’écart du M5-RFP
D’abord la mise à l’écart du mouvement politique qui a conduit à la chute du régime IBK a été mal perçu par plusieurs observateurs de la scène politique. C’est en un mot le premier couac des autorités de la transition. Malgré quelques fissures en son sein, le M5 RFP demeure un élément clé dans les évènements du 18 août 2020. Pourtant la junte a à son temps reconnu l’important rôle joué par le mouvement et même déclaré qu’elle avait parachevé. Le M5-RFP qui réclamait la paternité du renversement de l’ancien régime se voyait ainsi confirmé mais l’évolution des choses ont prouvé le contraire. Au final, le M5-RFP a tout simplement été mis hors-jeu. Une couleuvre difficile à avaler pour ces hommes et femmes qui ont bravé la rue pour arriver à ce résultat.
Présence massive des militaires dans plusieurs postes de responsabilité
Ensuite, depuis la mise en place du gouvernement, plusieurs militaires ont été nommés à des postes de responsabilité et à plusieurs niveaux. La dernière en date, c’est cette nomination de plusieurs militaires comme gouverneurs dans les différentes régions. Plusieurs voix se sont alors levées pour dénoncer une « militarisation » de l’administration. Le ton a d’ailleurs été donné par les administrateurs qui ont vu en cela une intimidation. Aussi pour un pays en guerre où l’insécurité est quasi permanente de telles nominations passent difficilement. Cette manière de gérer les affaires de l’Etat est jugée inacceptable et creuse encore plus de fossé entre les autorités et les populations.
La mise en place du CNT
Depuis plusieurs semaines, la mise en place du CNT se faisait entendre . La lice des membres a finalement été rendue publique le jeudi 3 décembre 2020. Là également les contours des choses font l’objet de plusieurs murmures. D’aucuns pensent que le gouvernement de transition veut s’accaparer plusieurs sièges dans le futur CNT pour asseoir davantage son autorité. Si jusqu’ici il observait avec déception la situation, le M5-RFP est sorti de son silence pour dénoncer non seulement la monopolisation du pouvoir par la junte mais aussi les conditions de la mise en place du CNT. Joignant l’acte à la parole, le M5-RFP a rejeté la clé de répartition des sièges au conseil national de transition et menace d’utiliser les mêmes moyens de contestation contre IBK pour se faire entendre. Un coup dur pour la transition.
L’insécurité, regain du Covid-19….
Enfin, l’insécurité manifestée par des braquages en pleine rue et pleine journée, l’embrasement de la crise sécuritaire au centre sont autant de défis qui rendent la tâche difficile à la transition qui perd chaque jour un peu de soutien. Le retour en force du covid-19 n’est pas non plus un cadeau tombé du ciel. La tentative de communication ratée et les inquiétudes que cela a provoqué sont autant de signes révélateurs que les autorités se doivent de lire et comprendre. Une chose est sûre, chaque malien gagnerait à ce que cette transition soit une réussite pour doter le Mali des institutions fortes afin de tourner définitivement la page des coups de forces. Pour y arriver, les nouvelles autorités doivent saisir le taureau par les cornes.
Amadingué Sagara
Source : Soloni