Editorial : Tel le sparadrap du capitaine Haddock

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Cette décision de retirer Barkhane de la lutte contre le terrorisme avant de trouver une solution à la poussée djihadiste tient l’ancienne Gaule comme le sparadrap de Haddock. Au nom d’une instabilité institutionnelle au Mali, le président français, Emmanuel Macron a pris cette décision en songeant à une autre manière de réorganiser la lutte contre le terrorisme.

Le bon débarras ne paraît pas facile au regard de la tergiversation que le premier français laisse entrevoir. Là où 5100 personnes n’ont pas suffi, une réduction numérique pourra-t-elle faire tâche d’huile ? C’est du moins la colle que l’on se pose.

Il écarte le retrait définitif en évoquant la présence d’un nombre plus que jamais réduit en soutien à la lutte contre le terrorisme au Sahel. La France ne regrette-t-elle pas d’être venue amuser souvent la galerie au Mali ? Au lieu de faire face à l’ennemi qui n’a jamais hésité à semer la désolation sur son passage, il s’est agi pour Barkhane de faire des répressions   en réponse aux attaques qui ont réduit des villages entiers en cendre.

Le retrait sans grande prouesse est assimilable à l’échec total. Macron s’éloigne ainsi de l’objectif de son prédécesseur à l’Elysée, François Hollande. Ce dernier expliquait la présence de la force Serval rebaptisée Barkhane comme une manière de « payer une dette historique » envers le Mali.

Au moment de s’endetter historiquement et militairement, la France n’a été soumise à aucune condition. Les bras valides de l’Afrique ont laissé leurs peaux dans les guerres qui n’étaient pas les leurs. Tout le monde connaît le traitement que la France a réservé aux soldats africains. Le cinéaste sénégalais, Ousmane Sembène donne l’illustration parfaite dans son film « Camp de Tiaroye ». En voulant donc payer une dette, la France risque de s’endetter de nouveau. Elle se retirerait avec une mauvaise réputation. Un mauvais souvenir demeurera dans les esprits pendant longtemps.

Pour se donner bonne conscience, les forces françaises viennent d’annoncer avoir mis fin aux jours de l’auteur de l’enlèvement à Kidal des reporters français, Claude Verlon et Gislaine Dupont. Si cela s’avère, cette action est retardataire à plus d’un titre. Non seulement Macron s’est engagé à faire retourner ses 5100 soldats à la maison, mais aussi une frange importante de Maliens n’est plus favorable à la présence de la France plus d’autres forces étrangères au Mali.

Ceux-ci jurent également que c’est une ruse. Car, disent-ils, la France penserait seulement à un changement de nom et non à un véritable retrait de Barkhane de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le peuple malien et la communauté internationale attendent donc le temps qui est le meilleur juge. La vérité, c’est comme le soleil, lorsqu’il brillera au zénith, aucune paume ne pourra masquer ses rayons.

Bazoumana KANE

Source : L’Alerte

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