Sa méthode n’est pas de briller sur des estrades minutieusement mises en scène ou de ferrailler avec une pugnacité avide contre les syndicalistes estomaqués, mais de s’opposer de toute son énergie à l’enfermement de l’école dans les enclos des ruses et des roueries.
Mme Sidibé Dédeou Ousmane aurait pu faire un professeur de management fort affûté, tant ses méthodes sont efficaces. Le personnage réunit nombre de qualités reconnues aux managers les plus performants : ambition, vision stratégique, audace, pragmatisme et détermination, leadership, capacités à convaincre et à communiquer, etc.Cadres, dirigeants, actuels ou futurs, osez-vous en inspirer pour réussir !
Son premier atout, c’est elle-même: ministre très appréciée du gouvernement, elle croit au volontarisme politique. Aux partenaires, elle a sorti le mot magique: la confiance. C’est au gouvernement, qu’elle a intelligemment demandé d’avoir confiance en balayant le scepticisme affiché de plus d’un sur la réouverture des classes à la date indiquée du lundi 1er octobre dernier.
Mme Sidibé c’est d’abord une méthode: l’occupation du terrain – visite des chantiers de réhabilitation des classes initiée par le président de la transition – l’action, la boulimie de dossiers, de rencontres des partenaires financiers. Bien que l’éducation au Mali se soit améliorée au cours de la dernière décennie, des millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans ne vont toujours pas à l’école et plus de la moitié des jeunes âgés de 15 à 24 ans au Mali sont analphabète.En effet, le pays fait face, depuis plusieurs années maintenant, à une crise sécuritaire qui a gravement compromis l’accès à l’éducation de milliers d’enfants. Des menaces, des attaques contre des installations scolaires ont perturbé l’éducation des enfants et forcé des enseignants à ne pas travailler ou à se déplacer à cause de la violence. Afin que les enfants puissent continuer à apprendre où qu’ils soient, la ministre a adopté une stratégie comprenant la préparation de programmes pour aider les enfants dont les écoles ont été fermées à rattraper leur retard, l’intégration des enfants déplacés dans les écoles ouvertes, le renforcement de la sécurité scolaire et la reconstruction d’écoles endommagées ou détruites.
Pugnacité avide
L’école est une institution sociale à qui l’on a confié l’éducation physique, intellectuelle et morale des enfants et des adolescents, sous la forme correspondant aux exigences des lieux et des temps. Et pour assurer le succès de l’éducation, il ne faut pas transiger avec l’ordre et la discipline. Sur ce terrain, la ministre n’a point connu un moment de faiblesse après la rentrée avant date des classes observée par nombre d’écoles privées. En quelques heures la cause était entendue: la vraie patronnne, c’est elle qui a ordonné la fermeture des écoles récalcitrantes.Résultat d’une fermeté, elle évite bien une rentrée scolaire à géométrie variable selon que l’école soit publique ou privée.
Ce cas n’a pas caché un autre. L’intersyndicale l’a sous-estimé, notamment parce que sa modestie occultait une intuition et une rapidité intellectuelle enviables. Son originalité ne tient pas à ses talents oratoires mais à sa capacité à produire des idées, à imposer des débats, à bousculer les vaches sacrées de l’immobilisme et à faire éclater le carcan de la tentative de prise en otage des examens de fin d’année.Son objectif, sa méthode n’est pas de briller sur des estrades minutieusement mises en scène ou de ferrailler avec une pugnacité avide contre les syndicalistes estomaqués, mais de s’opposer de toute son énergie à l’enfermement de l’école dans les enclos des ruses et des roueries. La Synergie assoupie après les orages a semblé définitivement tourné le dos à son exigence initiale : l’application de « l’article 39 ou rien »pour adopter une approche plus conciliante faite de remise des notes des élèves que ses militants gardaient par devers eux. Les élèves seront enfin fixés sur leur sort. La liste des passants et des redoublants sera dévoilée cette semaine. Une grosse épine tirée des pieds des parents d’élèves très inquiets de la tournure prise par les événements.
Ibrahim Yattara
Source : L’Informateur