Le Centre international de conférences de Bamako a abrité le mardi dernier les travaux de la 24è édition de l’Espace d’interpellation Démocratique 2019 auxquels le premier ministre Dr Boubou Cissé et les membres de son gouvernement ont pris part.
L’invité d’honneur de cette année était Mbari Calixte Aristide de la Commission de l’Union africaine.Aguibou Bouaré, président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) en était l’invité spécial.
Pour cette 24è session, le secrétariat permanent de l’EID a enregistré 465 demandes d’interpellation contre 454 en 2018. La commission préparatoire, après dépouillement et analyse, en a retenu 246 dont 38 dossiers pour lecture publique et 208 pour suites à donner par les départements ministériels concernés. Les 219 dossiers restants n’ont pas été retenus pour défaut de conformité avec les critères définis par le règlement intérieur de l’EID.
Le jury d’honneur de cette édition, présidée par Me SoyattaMaïga, présidente sortante de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, était composé de Mme Awa Nana Daboya, médiateur de la République du Togo, de Catherine Choquet, militante des droits de l’Homme, de Thierno Hady Thiam, représentant du Haut conseil islamique du Mali, des représentants du Barreau malien, du Collectif des femmes du Mali et de la Conférence épiscopale du Mali. Les personnes ressources accompagnant ce jury sont l’ancien ministre de la Communication et membre de la Haute autorité de la communication (HAC) Gaoussou Drabo et Mahamadou Sissoko, ancien secrétaire permanent de l’EID.
Après l’installation des membres du jury, le Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, qui a ouvert les travaux, a indiqué que l’EID est certes une singularité de la démocratie malienne, mais son principe est consubstantiel à toute démarche vers une démocratie africaine moderne et conforme aux objectifs visés par la Charte africaine de la démocratie.
Le Médiateur de la Républiquea rappelé que depuis l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi n° 2016-036 du 7 juillet 2016, la Commission nationale des droits de l’Homme est l’institution nationale des droits de l’Homme et le mécanisme national de prévention de la torture. Dans ses missions, cette nouvelle autorité administrative indépendante partage avec son institution, la promotion des mêmes valeurs de respect de l’État de droit et de bonne gouvernance.
Par ailleurs, le Médiateur de la République a souligné une croissance de la participation de nos concitoyens aux sessions de l’EID depuis 5 ans. D’après lui, de 206 demandes d’interpellation en 2015, elles sont passées successivement à 234 en 2016, à 290 en 2017, avant de connaître un bond avec 454 en 2018 pour arriver à 465 en 2019. En faisant une analyse statistique de l’origine de ces demandes, Baba Akhib Haïdara dira que la participation des populations vivant dans les régions a connu une évolution. Pour étayer ses propos, il a précisé qu’en 2015, plus de 60% des demandes émanaient des régions. En 2016, ce pourcentage était supérieur à 56%, en 2017, il remontait à 60% pour atteindre 80% en 2018. Et ce taux se situe cette année au-dessus de 67%.
Par ailleurs, Baba Akhib Haïdara a relevé la faible participation des femmes depuis 5 ans. Mais également des Maliens de l’extérieur, avec seulement quatre demandes d’interpellation pour cette 24è session de l’EID.
Selon Aguibou Bouaré, cette édition de l’EID se passe alors que le pays est en guerre. Une guerre asymétrique à lui imposée par les forces obscurantistes ayant perdu toute humanité, ignorant tout sens de la dignité humaine. Ainsi, à son corps défendant, soulignera-t-il, notre pays est devenu un terreau favorable à des violations et abus de droits humains multiples, récurrents souvent graves.
Aguibou Bouaré s’est inquiété des proportions que prennent les conflits inter-communautaires dans les Régions de Mopti et Ségou, sources également de violations gravissimes des droits humains et son appréciation pour cette initiative qui honore les services du Médiateur de la République, les autorités et le peuple maliens. Selon lui, c’est une initiative admirable qui mérite de faire école ailleurs dans d’autres pays d’Afrique
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont apporté leurs contributions lors de cette cérémonie qui a pris fin par le discours de félicitation et d’encouragement du Premier ministre Dr Boubou Cissé.
Seydou Diamoutene
Source : Le 22 septembre