Le coup d’Etat du 18 août semble avoir donné l’occasion pour remettre le pays sur les rails, mais l’on commence à déchanter. Surtout que l’on s’achemine vers une élection présidentielle dans les mêmes conditions qu’auparavant…
La formule économique selon laquelle « les mêmes causes produisent les mêmes effets » s’applique aussi sur le terrain politique.Surtout dans les contextes de crises majeures de la gouvernance d’un pays.
C’est pourquoi les experts en sciences politiques estiment souvent que les pays doivent ou arrivent à mettre à profit les crises pour rebondir. C’est le cas, entre autres, du Rwanda, du Ghana, de l’Afrique du Sud, sur le continent africain, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie, qui ont renforcé la stabilité politico- institutionnelle, après des crises violentes et meurtrières ayant marqué leur parcours.
Après quatre coups d’Etat interrompant à chaque fois la marche institutionnelle normale du Mali, plusieurs observateurs ont fini par insister sur la nécessité vitale de réformes profondes pour exorciser le mal. C’est ainsi que le concept de réformes politiques et institutionnelles s’est solidement incrusté dans le discours politique.
En effet, les autorités de la Transition en ont fait un point d’honneur dès leur installation. Et tous les acteurs se sont accordés à reconnaître que la plus importante de ces réformes politiques et institutionnelles est la création d’un organe unique de gestion des élections. Dès lors, l’on doit s’étonner que le Premier ministre, quelques mois après sa prise de fonction, annonce que cette innovation ne puisse être opérée, sous le motif que le temps imparti à la Transition n’est pas suffisant à sa mise en œuvre.
Or, toutes les forces vives du pays admettent que ce dispositif est un élément essentiel de crédibilisation des futures élections. Surtout que la crise ayant abouti au renversement du régime d’IBK le 18 août 2020 est partie de la contestation des élections législatives de cette même année.Ces élections ont été qualifiées récemment par Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD comme étant « les plus mauvaises de l’histoire du pays ».
En effet, comment des élections justes, crédibles et transparentes peuvent-elles être organisées par le gouvernement, qui est loin d’être neutre dans le jeu institutionnel ? Comment un gouvernement, qui a tout intérêt à se maintenir aux affaires, peut organiser avec la transparence requise des élections susceptibles de consacrer la fin de sa gestion des affaires de l’Etat ? N’est-il pas évident que les ministres actuels ont des accointances avérées avec des milieux sociopolitiques de soutien à de potentiels candidats aux futures élections ? N’est-il pas établi que le véritable homme fort de cette transition demeure le vice-président, le Colonel Assimi Goïta à qui l’on prête des intentions de candidater à la prochaine élection présidentielle ? Comment l’on peut comprendre que le ministre Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga de l’Administration territoriale, un frère d’arme du vice-président, puisse être l’organisateur principal des futures élections ? Pourquoi le vice-président, chef des tombeurs d’IBK ne peut-il pas faire une sortie publique pour refuser les appels du pied en faveur de sa candidature à la prochaine élection présidentielle ? Cela n’aura-t-il pas le mérite de décrisper l’atmosphère et les convoitises politico-électoralistes ?
Voilà autant de questions qui poussent à bien des appréhensions sur la prochaine élection présidentielle. Sans aucune réforme sérieuse du jeu électoral malien, le pays devra s’apprêter à vivre de nouvelles contestations du « verdict des urnes ». Et cela peut encore coûter cher pour un pays en crise multidimensionnelle menaçant sa survie. Il urge que les dirigeants et toutes les forces vives mesurent l’ampleur des défis pour savoir parer au plus pressé. Histoire de prouver au monde entier que le Mali sait tirer des leçons des écueils passés.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net